"J'ai donné des instructions très fermes au gouvernement pour mettre un terme à cette image insoutenable d'enfants abandonnés dans la rue" comme "talibés", a déclaré le président Sall devant la presse après la grande prière à l'occasion de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan.
"Ce n'est pas parce qu'ils sont issus de milieux pauvres ou modestes qu'on doit les laisser à la merci de la rue", a-t-il dit.
Auparavant, le 1er juillet, il avait annoncé sur Twitter avoir "ordonné le retrait d'urgence des enfants des rues" dans le cadre de "la protection des droits de l'enfant et groupes vulnérables".
Selon une étude gouvernementale réalisée en 2014, plus de 30.000 "talibés", dont beaucoup originaires des pays voisins, mendient chaque jour rien qu'à Dakar, la capitale, pieds nus et en haillons.
Ils sont généralement confiés à des maîtres coraniques, à la tête de "daara" (écoles coraniques, en langue wolof), qui les font vivre dans la précarité, les exploitent en les forçant à mendier et à rapporter des quotas journaliers d'argent et de denrées, sous peine d'être battus, selon divers témoignages.
Cette pratique persiste en dépit d'une loi de 2005 interdisant la mendicité forcée et qui punit ses auteurs de deux à cinq ans de prison et d'amendes.
Ce n'est pas la première fois que les autorités sénégalaises annoncent l'interdiction de la mendicité des "talibés". Durant la présidence d'Abdoulaye Wade (2001-2012), une mesure similaire avait été prise en 2010 avant d'être rapportée.
Selon des observateurs, l'application de cette interdiction rencontre l'hostilité de nombreux marabouts, très influents au Sénégal dont la population est musulmane à plus de 95%.
"Tout le pays doit se mobiliser" contre la mendicité des enfants, "ce n'est pas une question religieuse, puisque les vrais daara qui enseignent ne laissent pas leurs talibés traîner" jour et nuit dans les rues, "cela n'a rien à voir avec l'islam", a affirmé Macky Sall.
"Ceux qui continueront à vouloir s'adonner" à cette pratique s'exposeront "à la rigueur de la loi. Pour le moment, il s'agit de pédagogie", de "travailler ensemble pour éradiquer l'exploitation des enfants", a-t-il ajouté.
Avec AFP