Le chef de l'Etat "a pris la décision de permettre aux services d’archives de procéder dès demain aux déclassifications des documents couverts par le secret de la Défense nationale (...) jusqu’aux dossiers de l'année 1970 incluse", indique la présidence française dans un communiqué mardi.
"Cette décision sera de nature à écourter sensiblement les délais d'attente liés à la procédure de déclassification, s’agissant notamment des documents relatifs à la guerre d’Algérie", selon le texte.
Cette annonce intervient une semaine après la reconnaissance par le président, "au nom de la France", que l'avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel avait été "torturé et assassiné" par l'armée française pendant la guerre d'Algérie en 1957.
Ces gestes d'apaisement sont recommandés dans le rapport remis au président français le 20 janvier par Benjamin Stora dans le but de "réconcilier les mémoires" et de "regarder l'Histoire en face".
La décision sur les archives "démontre que nous allons très vite", souligne l'Elysée.
Mais sa portée dépasse le cadre de l'Histoire de l'Algérie et M. Macron "a entendu les demandes de la communauté universitaire", qui se plaint des difficultés d'accès aux archives classifiées de plus de 50 ans en raison de l'application scrupuleuse d'une circulaire sur la protection du secret de la défense nationale.
"Le gouvernement a engagé un travail législatif d'ajustement du point de cohérence entre le code du patrimoine et le code pénal" afin de "renforcer la communicabilité des pièces, sans compromettre la sécurité et la défense nationales", précise l'Elysée. Avec, comme objectif, de parvenir à un nouveau dispositif "avant l’été 2021".
Tout en saluant les récentes décisions prises par M. Macron, les autorités algériennes réclament depuis des années l'ouverture des archives coloniales ainsi que le règlement de la question des "disparus" de la guerre d'indépendance, plus de 2.200 personnes selon Alger, et celle des essais nucléaires français dans le Sahara algérien.
"Les gestes symboliques ne peuvent avoir de portée que s'ils sont appuyés de mobilisations citoyennes sur chacune des questions: les archives, les essais nucléaires, les disparus", avait souligné début mars Benjamin Stora dans un entretien accordé au quotidien francophone El Watan.