"C'est notre société entière qui est malade du sexisme", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant 200 personnes représentant les associations, les institutions et la classe politique à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.
Parallèlement, des manifestations ont eu lieu dans toute la France, fortement secouée depuis plusieurs semaines par l'onde de choc du scandale Weinstein.
Environ 2.000 personnes ont défilé à Paris, selon la préfecture de police. En début de cortège, des femmes vêtues de noir portaient le nom de victimes tuées en 2017 autour du cou. "Debout debout", "levons-nous femmes esclaves", ont chanté les manifestants, associations féministes en tête.
Seins nus, plusieurs Femen dont Inna Shevchenko, une de ses figures majeures, étaient aussi présentes.
"La France ne doit plus être un de ces pays où les femmes ont peur", a insisté M. Macron en détaillant ses "trois priorités" pour les cinq prochaines années : "L'éducation et le combat culturel en faveur de l'égalité", un "meilleur accompagnement des victimes" et un "renforcement de l'arsenal répressif".
Tout en appelant à ne pas tomber "dans un quotidien de la délation", M. Macron veut se "battre pour l'égalité non négociable entre les deux sexes". Il a demandé "une attention particulière" pour les femmes migrantes, qui "cherchent aussi à fuir l'excision"
"Nous veillerons aussi pour les femmes françaises soumises à l'excision à traquer partout ceux qui pratiquent cette barbarie", a-t-il dit.
Le président a commencé son discours en faisant observer une minute de silence en hommage aux 123 femmes qui ont été tuées en 2016 en France par leur partenaire ou ex-partenaire.
Près de 225.000 femmes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles de leur conjoint, dont moins d'une sur cinq a déposé plainte.
Le chef de l'Etat a ensuite déroulé un ensemble de mesures pour lutter contre ce fléau, confirmant la création prochaine d'un "délit d'outrage sexiste" avec amende "dissuasive."
Pour favoriser les plaintes, un signalement en ligne sera créé pour les victimes de violence, harcèlement ou discrimination, qui pourront de chez elles parler en direct avec des personnes dans les commissariats ou les gendarmeries et connaître les démarches à entreprendre.
Évoquant la pornographie sur l'internet, accessible aux enfants, il a expliqué qu'"en 2018, nous devons repenser le cadre de notre régulation des contenus, en particulier les contenus audiovisuels en prenant en compte l'évolution du numérique"
Il a aussi annoncé pour 2018 des "modifications législatives" pour "poursuivre ceux qui agissent sur l'internet pour harceler" ainsi que la mise en place d'un "module d'enseignement dans toutes les écoles" consacré à la lutte contre le sexisme et le harcèlement.
Les associations féministes ont salué "l'engagement du président" mais réclamé davantage de moyens. Pour elles, les 420 millions d'euros de budget interministériel annoncés par Emmanuel Macron pour 2018 sont "insuffisants" car ils ne font que s'appuyer sur l'existant, ont résumé la militante féministe Caroline De Haas et la membre du Haut conseil à l'Egalité, Ernestine Ronai.
Avec AFP