Cet accord intervient à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron dans cet Etat de la Corne de l’Afrique où Paris espère profiter de la récente ouverture politique et économique.
“Cet accord inédit de coopération de défense offre le cadre d’une coopération renforcée et ouvre notamment la voie à un accompagnement spécifique de la France sur la mise en place d’une composante navale éthiopienne” abandonnée depuis la sécession de l’Erythrée en 1991, a déclaré le chef de l’Etat français à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre Abiy Ahmed, à Addis Abeba.
“Plus largement, il offre un cadre à notre coopération en matière aérienne, au partenariat entre nos troupes et une perspective en terme de formation et d’équipement”, a-t-il détaillé lors d’une conférence de presse commune. “Nous avons conscience de le signer avec un dirigeant qui a décidé de construire la paix dans toute la région et de lutter avec force contre le terrorisme et contre toutes les formes de menace.”
Depuis son arrivée au pouvoir avril 2018, le Premier ministre réformateur Abiy Ahmed a suscité un fort engouement en Ethiopie mais également chez ses partenaires internationaux où la signature de paix - inespérée - avec l’Erythrée l’année dernière après 20 ans de conflit a fait naître un vent d’espoir.
Cette réconciliation s’est accompagnée, sur le plan économique, de l’annonce d’une série de réformes dont l’ouverture au privé du capital de grandes entreprises publiques de cet Etat, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, qui affiche une croissance annuelle autour de 8%.
100 MILLIONS D’EUROS DE L’AFD
Afin d’accompagner cette “dynamique d’ouverture” et les réformes économiques en cours, Emmanuel Macron a annoncé un prêt de politique publique de 85 millions d’euros assorti d’une assistance technique de 15 millions octroyés par l’agence française de développement (AFD).
“Vous avez décidé de moderniser l’économie de votre pays (...) donc indépendamment de toute opportunité commerciale, nous considérons que c’est une transformation que nous nous devons accompagner”, a-t-il souligné, assurant que la France ferait tout pour participer à “l’accroissement des investissements directs étrangers”.
A ses côtés, Abiy Ahmed a estimé que “la coopération et l’amitié entre la France et l’Ethiopie” n’était pas “une coopération de court terme mais une coopération stratégique” et une “vision de long terme”.
Comme au Kenya, où il achèvera mercredi et jeudi sa tournée en Afrique de l’Est entamée à Djibouti lundi soir, le chef de l’Etat français était accompagné d’une délégation de chefs d’entreprises à Addis Abeba - Lagardère Travel Retail, Orange, Canal +, CMA-CGM ou encore Soufflet.
Dans un contexte marqué par une forte concurrence, notamment chinoise, dans la région, Emmanuel Macron a - outre la coopération militaire - joué la carte de la coopération culturelle afin d’ouvrir une “nouvelle page de notre histoire commune”.
Répondant à une demande formulée par le Premier ministre éthiopien lors de sa visite à Paris en octobre dernier, le chef de l’Etat a assuré que la France mettrait à disposition de l’Ethiopie son expertise et son savoir-faire “pour préserver, restaurer et valoriser” le site de Lalibela, haut lieu du christianisme éthiopien connu pour ses onze églises creusées dans la roche.
Avec Reuters