Le Parlement du Malawi a avancé mardi du 2 juillet au 23 juin la date de l'élection présidentielle prévue après l'annulation pour fraudes de la réélection de Peter Mutharika l'an dernier, ainsi que l'avait proposé la Commission électorale (MEC).
Au pouvoir depuis 2014, M. Mutharika, 79 ans, a été réélu en mai 2019 pour un second mandat dès le premier tour de scrutin. Il avait été crédité par la MEC de 38,5% des suffrages, contre 35,4% au chef de l'opposition Lazarus Chakwera.
Mais, sur requête de l'opposition, la Cour constitutionnelle a annulé en février la victoire du sortant pour cause de fraudes caractérisées et ordonné un nouveau scrutin.
Saisie par M. Mutharika qui a nié toute irrégularité, la Cour suprême d'appel a confirmé cette décision le mois dernier.
Le Parlement avait initialement programmé le scrutin le 2 juillet mais la MEC avait suggéré de l'avancer pour respecter la décision de la justice, selon laquelle les résultats du nouveau scrutin devaient être publiés au plus tard 150 jours après sa décision.
Le Parlement lui a emboîté le pas mardi.
"La décision de la Cour suprême d'appel a clairement dit que c'est le Parlement qui devait fixer la date du scrutin", a déclaré le député d'opposition Yeremiah Chihana, à l'origine de la résolution votée.
Selon le quotidien Nyasa Times, le vote de mardi a conduit à des protestations virulentes des députés du parti du président Mutharika, le Parti démocratique progressiste (DPP). Ces derniers ont chassé de la salle le premier vice-président du parlement, Madalitso Kazombo. La séance a été suspendue.
Nommé par le chef de l'Etat, le nouveau chef de la Commission électorale, le juge Chifundo Kachale, a par ailleurs prêté serment mardi. Il a remplacé la démissionnaire Jane Ansah, accusée par l'opposition d'avoir couvert les fraudes de l'an dernier.
Trois candidats ont été enregistrés pour le nouveau scrutin présidentiel, le sortant Peter Mutharika, son rival Lazarus Chakwera de l'alliance MCP-UTM et le chef d'un petit parti, Peter Kuwani.
La campagne électorale bat son plein depuis plusieurs semaines en violation de toutes les règles de distanciation sociale décrétées à cause de la pandémie de coronavirus.