"Jusque-là le message est clair, nous savons que nous avons une très large avance avec 40 à 50% des suffrages des votes déjà comptés", a déclaré M. Chakwera lors d'une conférence de presse à son domicile de Blantyre citant un décompte réalisé par son camp.
"Nous sommes en tête dans le nord et dans le sud (...). Dans le centre, nous avons une très large avance", a insisté le chef du parti du Congrès du Malawi (MCP) de l'ancien dictateur Hastings Banda (1964-1994).
Sept candidats étaient en lice pour un scrutin à un seul tour qui devrait se résumer à un match à trois, entre Peter Mutharika, son vice-président en rupture de ban Saulos Chilima et Lazarus Chakwera.
Le dépouillement des suffrages a débuté très doucement mercredi en raison de problèmes techniques, selon la présidente de la Commission électorale (MEC) Jane Ansah.
"Nous avons reçu les premiers résultats juste après minuit (mardi). Jusque-là, nous n'avons enregistré que des résultats partiels en provenance des bureaux de vote de tout le pays", a-t-elle déclaré à la presse.
En soirée mercredi, le site internet de la MEC, censé publier les résultats au fur et à mesure, n'affichait des chiffres portant que sur à peine 1% des quelque 5.000 centres de vote du pays.
La présidente de la Commission électorale a appelé la population à se méfier des rumeurs.
- 'Truquer les élections' -
"J'exhorte les Malawites à rester prudents avec les résultats non officiels", a lancé Mme Ansah, "si certains reflètent effectivement la façon dont les gens se sont exprimés, d'autres ne sont que des faux grossiers qui peuvent inciter à la violence".
"Il faut que (la commission électorale, MEC) accélère la transmission et l'annonce des résultats", lui a rétorqué Lazarus Chakwera, avant d'accuser le pouvoir de fraude.
"Vous qui êtes au pouvoir, je vous connais, vous êtes en train d'essayer de truquer ces élections", a-t-il lancé, "je vous préviens, vous allez bientôt subir les foudres de la loi (...) je défendrai la Constitution de ce pays avec mon sang s'il le faut".
M. Chakwera était arrivé deuxième du scrutin en 2014, avec 450.000 voix de retard seulement sur Peter Mutharika. Cette fois avec le soutien de poids de l'ex-présidente Joyce Banda (2012-2014), il espère prendre sa revanche.
En attendant les premières tendances sérieuses, la société civile s'est réjouie du bon déroulement du scrutin.
"Le jour du scrutin, tout le monde a pu voir que l'ambiance était calme", s'est félicité Steve Duwa, le responsable du Réseau de soutien aux élections du Malawi. "Cela suggère que la Commission électorale a fait ce qu'elle devait faire."
De nombreux incidents avaient émaillé les opérations lors des élections générales précédentes en 2014.
Avant même la sortie du chef de l'opposition, analystes et commentateurs politiques ont dit redouter des tensions à l'approche de la proclamation des résultats.
"L'élection s'annonce très serrée, le gagnant va l'emporter sans majorité absolue", a souligné le Dr Nandin Patel, professeur de sciences politiques à l'université catholique de Blantyre. "En termes de crédibilité, l'élection de 2019 se présente comme un nouveau défi pour le Malawi."
La présidence de Peter Mutharika, au pouvoir depuis 2014, a été ternie par des affaires de corruption que ses opposants ont largement dénoncées pendant la campagne.