Gregory Gondwe, directeur de la Plateforme pour le Journalisme d'Investigation, avait publié en janvier le résultat d'une enquête accusant l'armée d'avoir passé un contrat d'achat de véhicules militaires de plusieurs millions de dollars avec une firme liée à un homme d'affaires britannique né au Malawi, qui fait actuellement l'objet d'une enquête pour corruption.
Il a décidé de se cacher, puis de fuir le pays, lorsque des sources proches du gouvernement lui ont dit qu'il allait être arrêté pour cet article. "Je me suis retrouvé vraiment en danger", a-t-il déclaré lors d'une interview à l'AFP. "Les militaires soupçonnent une fuite dans leurs rangs, et pensent que me réduire au silence résoudra le problème".
Après des protestations d'organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International et Human Rights Watch, des responsables gouvernementaux ont assuré qu'il pouvait revenir en toute sécurité. Mais Gregory Gondwe dit qu'il ne les croit pas.
"Ils peuvent faire semblant de faciliter mon retour, mais en fait rien n'est fait pour assurer ma sécurité", explique-t-il, ajoutant que personne ne l'avait contacté directement de la part des autorités. Le gouvernement n'a pas répondu aux demandes de commentaire de l'AFP.
Deux jours après avoir fui le pays, M. Gondwe avait reçu un message intimidant du commandant de l'armée lui conseillant de "bien profiter de l'Afrique du Sud", selon l'organisation Reporters Sans Frontières, qui s'est dit "inquiète de la situation de ce journaliste".
"Aucun journaliste ne devrait être puni pour avoir mis au jour de la corruption dans l'armée", a ajouté RSF mercredi. M. Gondwe a immédiatement pris au sérieux l'information selon laquelle les autorités voulaient l'arrêter pour avoir mis en danger la sécurité de l'Etat. Il avait en effet vécu une situation similaire en 2022.
"Le risque que ma situation évolue vers un +accident+" pour lequel on trouverait ensuite une explication crédible est réel", a-t-il dit. Il ne compte retourner au Malawi que lorsque les personnes qui l'ont aidé dans son enquête lui diront qu'il peut le faire sans être menacé.
"Mon absence est probablement vue comme une bonne chose par le gouvernement actuel, car ils savent que nos révélations pourraient diminuer leurs chances de rester au pouvoir après les élections de l'an prochain", a-t-il ajouté.
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