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Malgré les tensions, Conte au rendez-vous de Macron à Paris


Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, au sommet du G7 à Charlevoix, au Canada, le 9 juin 2018.
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, au sommet du G7 à Charlevoix, au Canada, le 9 juin 2018.

Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a maintenu jeudi son rendez-vous vendredi à Paris avec le président français Emmanuel Macron malgré les fortes tensions diplomatiques entre les deux pays sur la question des migrants, qui met au défi l'unité de l'Europe.

L'exécutif italien avait menacé d'annuler ce rendez-vous, faute d'excuses officielles d'Emmanuel Macron.

Celui-ci avait dénoncé mardi "la part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien" dans la gestion de l'Aquarius, le navire humanitaire qui a sauvé 629 migrants et que Rome a refusé de laisser accoster. Parmi eux, une majorité de migrants originaires d'Afrique (issus de 23 pays du continent), et plusieurs autres d'Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh, selon Médecins sans Frontières Espagne.

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Alors que l'Espagne a accepté d'accueillir le navire en errance, attendu samedi à Valence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a affirmé jeudi à son homologue espagnol que la France était prête à accueillir des migrants du navire Aquarius "qui répondraient aux critères du droit d’asile" après examen de leur situation sur place par des agents français, selon un communiqué du Quai d'Orsay.

D'après deux communiqués identiques des gouvernements français et italien, MM. Macron et Conte ont convenu, en raison du sommet européen fin juin à Bruxelles, que des "nouvelles initiatives à discuter ensemble étaient nécessaires", et a confirmé le déjeuner prévu à Paris qui sera suivi d'une conférence de presse conjointe.

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"Le président de la République a souligné qu'il n'avait tenu aucun propos visant à offenser l'Italie et le peuple italien", selon ce texte qui, sans formuler d'excuses officielles françaises, joue sur l'apaisement entre les deux parties.

Interrogé par des journalistes avant d'entrer au Palais Madama, siège du sénat italien, M. Conte a déclaré que, "oui absolument", le contentieux est clos, ajoutant que M. Macron "tenait beaucoup à maintenir cette invitation à déjeuner".

"Travail collectif"

De son côté, le président français, interrogé jeudi lors d'un déplacement, a estimé que "l'heure est au travail collectif" avec l'Italie. "Notre Europe a besoin de quoi ? De solutions. Ce à quoi je m'évertue depuis que j'ai été élu", a-t-il dit, ajoutant : "je poursuis depuis le début de mon mandat une volonté de travailler avec l'Italie, de l'autre côté de la Méditerranée travailler pour protéger nos frontières, travailler de manière partenariale parce que nous avons des frontières communes".

La relation entre Paris et Rome, de plus en plus tendue du fait de la pression migratoire qui tétanise l'Europe entière, s'est brusquement dégradée depuis la crise du navire Aquarius.

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Au-delà de la querelle franco-italienne, l'errance méditerranéenne du bateau a mis en lumière la vacuité de la politique migratoire européenne, tiraillée entre les positions très divergentes de ses Etats membres.

La crise intervient avant un Conseil européen crucial les 28 et 29 juin, qui doit porter en particulier sur la question des migrants.

L'ex-président français François Hollande a déploré que les pays européens affichent leur "division", estimant que les migrations posent la question de "l'avenir de l'Europe".

Le pape François a appelé, lui, à une " assistance de toute la communauté internationale" pour aider les migrants, vulnérables et isolés, "étant donné que sa dimension transnationale va au-delà des capacités et ressources de beaucoup d'Etats".

Parallèlement, la justice hongroise a condamné jeudi à des peines de prison ferme -jusqu'à 25 ans- les trafiquants jugés pour la mort par suffocation de 71 migrants dans un camion frigorifique découvert en Autriche en 2015, un drame qui avait profondément choqué l'opinion mondiale.

Emmanuel Macron, lui-même critiqué, y compris dans son propre camp, pour ne pas avoir proposé d'accueillir l'Aquarius, avait dénoncé l'attitude du gouvernement italien, composé de populistes et de l'extrême droite portés au pouvoir notamment à cause du déferlement de migrants en Italie.

"Preuve de réalisme"

Réagissant à cette sortie, le gouvernement italien avait menacé d'annuler la rencontre entre M. Macron et M. Conte. Le président français avait réagi dans un premier temps en appelant mercredi à ne pas "céder à l'émotion", assurant qu'il continuait à travailler "main dans la main" avec l'Italie.

La ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau a expliqué jeudi matin sur la radio Europe 1 qu'Emmanuel Macron et Giuseppe Conte avaient eu "cette nuit une conversation cordiale au téléphone".

"Personne ne donne de leçons à personne. Il y a aussi les propos italiens sur la France qui sont regrettables", a-t-elle ajouté.

Une source diplomatique française a jugé qu'"il ne faut pas être naïfs dans nos relations avec le nouveau gouvernement italien, dont on connaît la formation". "Mais compte tenu de l'immensité du problème des migrations, qui va être durable, il faut faire preuve de réalisme", a-t-elle ajouté.

Avec AFP

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