Des hommes armés ont rassemblé la foule le 2 mai lors du marché hebdomadaire de Tin Hama, près d'Ansongo (Nord), et lui ont présenté trois hommes qualifiés de voleurs, auxquels ils ont coupé la main droite et le pied gauche, selon des informations recueillies auprès d'interlocuteurs locaux informés s'exprimant sous le couvert de l'anonymat pour des raisons de sécurité.
Les hommes armés sont présumés appartenir au groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS), une des principales organisations jihadistes du Sahel, a dit la Minusma dans un communiqué.
La Minusma condamne des agissements rappelant "les horreurs qui ont marqué la crise de 2012".
Des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda s'étaient livrés à des amputations, des lapidations, des flagellations et des exécutions publiques au nom d'une interprétation rigoriste de la loi islamique dans les grandes villes du Nord, tombées entre leurs mains en mars-avril 2012 jusqu'à l'intervention militaire française lancée en janvier 2013.
Les jihadistes s'emploient à apparaître auprès des populations comme administrant la justice dans de vastes étendues du territoire malien échappant à tout contrôle de l'Etat, selon les analystes.
Les victimes de cette amputation publique sont présumés être des "coupeurs de route" qui auraient attaqué un camion de transport sur la route Ansongo-Ménaka, selon les mêmes interlocuteurs informés.
"De tels châtiments corporels exécutés par des groupes armés en dehors de tout cadre légal sont de graves atteintes aux droits de l'Homme, y compris le droit de tout être humain à un procès juste et équitable devant un tribunal régulièrement constitué", a dénoncé le nouveau chef de la Minusma, El-Ghassim Wane, cité dans le communiqué.
La Minusma est prête "à soutenir les enquêtes en cours des autorités maliennes pour combattre l'impunité et veiller à ce que les auteurs de ces actes soient traduits devant la justice", dit-il.
La Minusma a ajouté enquêter elle-même sur les faits et déployer des moyens pour renforcer la protection des populations.
Par ailleurs, une attaque par des hommes armés non identifiés contre un détachement de la Force spéciale antiterroriste malienne a fait un mort dans les rangs de cette dernière et trois dans ceux des assaillants mercredi soir près de Tominian (centre), a indiqué un responsable sécuritaire.