Étienne Fakaba Sissoko, l'une des rares voix critiques du pouvoir à encore tenter de se faire entendre de l'intérieur du pays, est détenu depuis fin mars et a été condamné en mai à deux ans de prison, dont un ferme. Son procès en appel devait s'ouvrir lundi, et il était présent avec son avocat. Mais la cour d'appel a renvoyé le dossier au 2 décembre pour vice de procédure, et a maintenu M. Sissoko en prison.
Ce dernier, chercheur et professeur à la Faculté des sciences économiques et de gestion de Bamako, avait déjà connu semblable déconvenue le 14 octobre. La justice, statuant sur une demande de remise en liberté en attendant le procès en appel, avait accédé à sa requête. Mais la décision avait été immédiatement suspendue à la suite d'un pourvoi introduit par le parquet général. Des membres de sa famille contactés par l'AFP se sont dits inquiets, même si M. Sissoko tient bon et fera selon eux la preuve de son innocence.
Il est poursuivi pour "atteinte au crédit de l'État", "injures" et "diffusion de fausses nouvelles perturbant la paix publique". Il fait partie des personnalités inquiétées pour leurs opinions critiques sous les militaires qui ont pris par la force, en 2020, la tête de ce pays confronté au jihadisme et à une crise politique profonde.
M. Sissoko est mis en cause pour la publication en 2023 d'un livre sur la communication de la junte, caractérisée par des "contenus aux caractères douteux" et des méthodes "basées sur la propagande, l’agitation, la manipulation et même le mensonge", selon une fiche de lecture publiée sur le site de l'éditeur, l'Harmattan.
M. Sissoko, ancien conseiller du président Ibrahim Boubacar Keïta (2013-2020), renversé par les militaires, et ancien analyste de l'ex-mission de l'ONU au Mali (Minusma) depuis poussée vers la sortie, avait déjà été écroué plusieurs mois en 2022 pour d'autres motifs.
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