La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et l'Association malienne des droits de l'homme (AMDH) "s'inquiètent du niveau de violence qui persiste dans le pays, huit mois après la signature de l'accord de paix, de l'impact de la lutte contre le terrorisme et de l'impunité persistante des auteurs des crimes les plus graves commis depuis 2012", affirment-elles dans une "note de situation" qu’elles ont conjointement élaborée.
"Les groupes islamistes ont menacé, violé et tué des civils. Les forces de sécurité maliennes ont mené des opérations militaires à l'issue desquelles ont été perpétrés des détentions arbitraires et des actes de torture. Les deux camps ont commis des abus depuis le début de l'année 2016", écrit de son côté Human Rights Watch (HRW) dans un rapport distinct publié après avoir entendu "plus de 130 victimes et témoins d'abus" entre février et décembre 2015.
Toutes les ONG exhortent les différents camps à mettre fin aux abus dénoncés, et invitent les autorités à mener des enquêtes sur ces violations et en poursuivre les auteurs.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Ces groupes ont été dispersés et en grande partie chassés du Nord à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale qui se poursuit.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 de l'accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.
Selon la FIDH et l'AMDH, "les groupes armés terroristes, mafieux et autres mènent en moyenne 30 attaques armées par mois, provoquant une insécurité persistante et des violations graves des droits humains envers les populations et les forces internationales" au Mali. "En 2015, les attaques des groupes armés ont fait environ 150 morts et 250 blessés dont 50 % étaient des civils", ajoutent-elles.
Mais, poursuivent-elles, "les forces de sécurité maliennes sont elles aussi responsables de violations, notamment des arrestations arbitraires, des mauvais traitements et des actes de torture dans le cadre des opérations anti-terroristes".
"De même source, "près de 300 personnes seraient actuellement détenues en relation avec le conflit", dont plus de la moitié "sans mandat légal", ajoutent-elles.
Avec AFP