Pour Mahamat Saleh Annadif, la recrudescence des attaques meurtrières qui n'épargnent pas les Casques bleus, est liée au piétinement du processus de paix.
"On est devant un constat : l'accord de paix n'avance pas, j'ai peur qu'on puisse arriver à un blocage", a-t-il déclaré, deux jours après une double attaque contre la Minusma à Gao, la principale ville du nord du pays.
L'attaque, revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a fait quatre morts - un Casque bleu chinois et trois civils (un Français et deux Maliens travaillant pour l'ONU) - et douze blessés, a-t-il précisé.
Ces séries d'attaques - 12 Casques bleus tués rien qu'au mois de mai - ont fait de la Minusma l'une des missions de l'ONU les plus dangereuses au monde.
"La meilleure façon de combattre les terroristes, de les isoler, c'est la mise en oeuvre effective de l'accord de paix. Et toute minute, tout temps perdu pour la mise en oeuvre de cet accord est autant de temps gagné par les ennemis de la paix", a affirmé le diplomate tchadien, en allusion à l'absence de l'Etat et de l'administration dans une bonne partie du nord du Mali.
"C'est le retard que connaît la mise en oeuvre de l'accord de paix qui est une des causes fondamentales de cette recrudescence de l'insécurité, et ça, il ne faudrait pas qu'on se le cache", a-t-il insisté.
Il faisait référence à l'accord de paix signé en mai-juin 2015 entre le camp gouvernemental et l'ex-rébellion à dominante touareg, censé isoler définitivement les jihadistes, et dont l'application est en panne.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupes, qui l'ont ensuite évincée.
Les jihadistes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, qui se poursuit, mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.
Pour faire face à la situation, M. Annadif a également réclamé un renforcement de la Minusma, notamment par "des avions de combat et des blindés".
Au lendemain de la double attaque de Gao, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a annoncé mercredi qu'il allait présenter au Conseil de sécurité des propositions "visant à renforcer les positions et les capacités" de la Minusma.
Avec AFP