M. Keïta a reçu tout au long de la semaine dernière dignitaires religieux, dirigeants politiques et représentants de la société civile, pour discuter de la situation du pays et leur remettre l'avant-projet de loi de révision constitutionnelle qui lui a été présenté le 1er avril par un comité d'experts.
Ces rencontres faisaient suite à une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Bamako le 5 avril contre "la mauvaise gestion du pays", notamment les violences intercommunautaires dans le centre, selon les organisateurs, parmi lesquels d'influents chefs religieux musulmans, et des participants.
Dans son allocution, le président malien a salué la volonté de certains de ses interlocuteurs de poursuivre le débat pour "renforcer le consensus populaire autour de la future loi fondamentale" avant la tenue d'un référendum constitutionnel.
"Aussi ai-je décidé de confier à un groupe d'éminentes personnalités la tâche de diriger cette concertation nationale", du 23 au 28 avril, qui réunira "les représentants de toutes les forces politiques et sociales de notre pays", a affirmé M. Keïta.
Les résultats de ces travaux "seront pris en compte dans l'avant-projet de loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992", a-t-il assuré.
"Celui-ci sera adopté à l'issue d'un Conseil des ministres avant d'être déposé à l'Assemblée nationale. Durant toute cette période, j'annulerai tout déplacement hors du pays pour me consacrer entièrement à votre écoute", a-t-il souligné, sans fournir de calendrier.
Cette révision constitutionnelle, la première depuis 27 ans, vise notamment à mettre en oeuvre certains engagements de l'accord de paix signé en 2015 entre le gouvernement, les groupes armés pro-Bamako et l'ex-rébellion à dominante touareg du nord du pays.
Elle prévoit la création d'une Cour des comptes, d'un Sénat chargé d'assurer la représentation des collectivités territoriales et l'inscription de la décentralisation dans la Constitution.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, malgré l'accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l'application accumule les retards.
Dans un rapport publié en février, le Centre Carter, observateur indépendant de l'application de cet accord, déplorait que sur "78 engagements spécifiques" contenus dans ce texte, "seuls 20 soient achevés trois ans et demi après la signature", soit 25%.
Avec AFP