Il a lui-même annoncé mercredi soir avoir été relâché sur son compte Facebook.
"Je prends la décision ferme de m'autoproclamer président de la transition civile à compter de demain 28 février", disait Tandina Elhadj Beyt'allah dans une vidéo postée sur Facebook le 27, dans laquelle il apparaissait face caméra, ceint d'une écharpe aux couleurs maliennes.
Il invoquait, solennel, la gravité de la situation que connaît son pays et "le manque de vision de nos autorités". Il attendait la fin de cet enregistrement de moins de deux minutes pour préciser à l'adresse des autorités de Tombouctou que "c'est juste de la comédie".
"Faut pas envoyer les policiers me chercher", concluait-il dans un éclat de rire.
Le blogueur avait trouvé l'inspiration dans la récente déclaration d'une personnalité peu connue, Ainea Ibrahim Camara, qui a beaucoup fait parler de lui depuis fin février en s'intronisant, depuis l'étranger, président "de la transition civile" malienne.
Les autorités, dominées par les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020, ont pris l'affaire au sérieux et ouvert une enquête contre Ainea Ibrahim Camara. Elles-mêmes se disent "de transition", en attendant un retour des civils à la tête du pays, à une date toujours inconnue.
Les autorités ont également pris au sérieux le pastiche de Tandina Elhadj Beyt'allah, arrêté mardi.
"Tandina Elhadj Beyt'allah, animateur radio qui s'est autoproclamé président de la transition civile du Mali, est en garde à vue chez nous pour les besoins d'enquête", avait confirmé mercredi un responsable de la gendarmerie de Tombouctou à l'AFP.
Un autre habitant de Tombouctou a été à son tour interpellé pour s'être dit prêt à être le Premier ministre de Tandina Elhadj Beyt'allah dans un commentaire de sa vidéo, ajoutait-il.
Tandina Elhadj Beyt'allah et ses Live sur les réseaux sociaux, dès qu'un évènement se produit à Tombouctou, sont très suivis au Mali.
La communauté de blogueurs DoniBlog s'est émue de son sort. Elle a fait valoir qu'il n'était pas le premier à se moquer de la déclaration d'Ainea Ibrahim Camara.
Mais, a-t-elle ajouté dans un communiqué, la précision sur le caractère parodique de sa vidéo a été coupée dans une version qui en a circulé sur internet. Une "manipulation" aux objectifs inconnus, disait-elle.
Elle dénonçait une arrestation "arbitraire" et exigeait sa "libération immédiate". Un mot-dièse #freebeytallah avait été lancé.
Dans un climat de tension avec une partie de la communauté internationale, la junte s'est arc-boutée ces dernières semaines sur la souveraineté nationale et multiplie les messages sur la nécessité de la soutenir.