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Manifestations dans une ville revendiquée par l'Ethiopie et l'Erythrée


Le nouveau Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed à Entebbe en Ouganda vendredi 8 juin 2018.
Le nouveau Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed à Entebbe en Ouganda vendredi 8 juin 2018.

Les habitants de la ville frontalière de Badme, dans le nord de l'Éthiopie, ont manifesté lundi contre la décision du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed de la restituer à l’Érythrée.

M. Abiy avait amorcé la semaine dernière un profond changement de politique, en annonçant son intention d'appliquer un accord de paix signé en 2000 avec l’Érythrée et la décision, deux ans plus tard, d'une commission de l'ONU sur la démarcation de la frontière qui donnait Badme à l’Érythrée.

Reda'e Halefom, un porte-parole de l’État régional du Tigré en Ethiopie, a indiqué à l'AFP qu'environ 25.000 habitants de Badme et des environs avaient marché lundi dans les rues de la ville pour protester contre l'annonce de M. Abiy.

>> Lire aussi : L'Ethiopie ravive les espoirs de paix avec l'Erythrée

"C'était très pacifique. Ils voulaient simplement faire passer leur message, à savoir qu'ils sont éthiopiens et qu'ils ne veulent pas voir l'accord d'Alger être appliqué en l'état sans discussion", a-t-il expliqué.

Signé en 2000, l'accord d'Alger avait mis fin à la guerre qui avait opposé l’Éthiopie et l’Érythrée de 1998 à 2000 (80.000 morts). Un désaccord sur le tracé de la frontière avait en partie été à l'origine de ce conflit.

En 2002, une commission de l'ONU ayant tranché en faveur de l’Érythrée. Mais l’Éthiopie avait refusé de se conformer à cette décision, sans que la communauté internationale lui réclame de comptes, et elle continue pour l'heure à occuper Badme.

>> Lire aussi : L'Ethiopie annonce mettre fin à son litige frontalier avec l'Erythrée

Asmara n'a pas officiellement réagi à l'annonce de M. Abiy et l’Éthiopie n'a pas indiqué quand ses troupes quitteraient Badme.

L'occupation de cette ville et la nécessité de se défendre contre l'Éthiopie sont depuis des années des arguments utilisés par le président érythréen Issaias Afeworki, au pouvoir depuis 1993, pour justifier un régime parmi les plus répressifs au monde (emprisonnement de dissidents, conscriptions obligatoires...).

L'autoritarisme du régime Afeworki a isolé l’Érythrée sur la scène diplomatique, et provoqué un exode massif de ses citoyens qui ont préféré les dangereuses routes migratoires vers l'Europe à la vie dans leur pays.

L’Érythrée était par le passé la façade maritime de l’Éthiopie, mais elle a déclaré son indépendance en 1993 après avoir chassé les troupes éthiopiennes de son territoire en 1991 au terme d'une guerre de trois décennies.

Avec AFP

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