En 2011, le soldat Yesid Alexander Arias avait été surpris dans sa caserne avec 50 grammes de cannabis sur lui. Il avait été condamné en 2012 à un peu plus de 9 ans de prison pour "trafic, fabrication ou transport de stupéfiants", une personne étant autorisée à détenir jusqu'à 20 grammes pour sa consommation personnelle.
Le militaire "ayant démontré qu'il était devenu très tôt dépendant et consommateur de marijuana, la quantité retrouvée, qui dépassait la dose personnelle, devait être considérée comme un approvisionnement", a écrit le juge Eugenio Fernandez Carlier dans sa décision, datée du 9 mars et publiée lundi soir.
"La quantité retrouvée (sur lui) était raisonnablement celle dont il avait besoin, et pouvait donc être vue comme une dose autorisée constitutionnellement et légalement", a-t-il ajouté.
"Arias Pinto est dépendant depuis l'enfance aux psychotropes (...) et étant donné que ce soldat devait partir en patrouille dans la localité de Coromoro (est), où il lui serait difficile de se procurer de la marijuana, cela constituait une raison valable pour détenir la quantité retrouvée", a conclu le juge Fernandez Carlier.
Selon le ministère public, "la Cour suprême a pris une décision capitale".
"Les personnes dépendantes qui transportent des psychotropes exclusivement pour leur consommation personnelle ne peuvent être jugées et, ce, indépendamment des quantités transportées", a expliqué lors d'une conférence de presse l'un des responsables du ministère public, Miguel Larrota.
"Il s'agit d'une décision moderne et cohérente avec une politique criminelle (et de répression du trafic de) drogue qui poursuit les grands trafiquants et non les personnes vulnérables", a-t-il poursuivi.
Quelque 50.000 procès liés à des affaires de possession de stupéfiants sont comptabilisées chaque année par le ministère public, "un effort qui induit une perte d'énergie" pour le système judiciaire, selon Miguel Larrota.
La Colombie a autorisé le 22 décembre par un décret présidentiel l'usage thérapeutique du cannabis. Ce décret "permet l'octroi de licences pour la possession de semences de cannabis, de marijuana, et la culture de cette plante à des fins exclusivement médicales et scientifiques".
En revanche, la consommation sur la voie publique et la commercialisation restent interdites.
Avec AFP