L'ouverture de ce "cimetière des victimes des événements de juin 1981" se déroule "dans le cadre (...) des recommandations de l'Instance équité et réconciliation (IER) pour la préservation de la mémoire", indique dans un communiqué le Conseil national des droits de l'homme (Cndh) marocain.
Une cérémonie religieuse sera organisée à cette occasion, "en coordination avec les familles des victimes", et en présence de plusieurs représentants des autorités locales et du ministère des Affaires islamiques, poursuit le texte.
Le 20 juin 1981, sous le règne de Hassan II, la police anti-émeutes avait ouvert le feu sur une foule manifestant à Casablanca contre une brusque augmentation du prix des produits alimentaires. La répression de ces "émeutes de la faim", dont le bilan officiel était de 114 morts, aurait fait plusieurs centaines de morts, voire plus d'un millier, selon des associations de la société civile. Des milliers de personnes avaient été également arrêtées.
Une stèle commémorative a été construite sur ce terrain dans une ancienne installation militaire, qui faisait office de fosse commune et cimetière clandestin. Le lieu a été réhabilité, avec la construction de tombes individuelles, et sera ouvert au public.
"Dans le cadre de l'établissement de la vérité, l'IER a mené une série d'investigations sur les événements sociaux de 1981, qui lui ont permis d'élucider le sort des victimes", affirme le Cndh.
Créée par le roi Mohammed VI et dirigée par un ancien détenu politique, cette commission spécialisée a enquêté et travaillé pendant deux ans pour faire la lumière sur les exactions commises par les forces de l'ordre entre 1960 et 1999. Les responsables n'ont cependant pas été jugés ni même leurs noms rendus publics, afin de ne pas créer de tensions ou déstabiliser le pays.
Après la clôture des travaux de l'IER en 2006, les autorités avaient décidé de restaurer d'anciennes prisons secrètes et centres de torture sous "les années de plomb" du règne d'Hassan II (qui dirigea le Maroc de 1961 à sa mort en 1999), pour les transformer en lieux de mémoire.
Avec AFP