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Maroc : une figure de l'islam officiel dénonce "la nudité obscène"


Une femme marche sur une rue dans une banlieue ouvrière de Marrakech, au Maroc, 28 avril 2008.
Une femme marche sur une rue dans une banlieue ouvrière de Marrakech, au Maroc, 28 avril 2008.

L'un des plus hauts dignitaires musulmans du Maroc a dénoncé la "nudité obscène" qui aurait envahi "été comme hiver" les villes marocaines selon lui, dans un message sur les réseaux sociaux repris par de nombreux médias locaux.

"La nudité n'est plus affaire de saison, elle est étalée sous nos yeux, hiver comme été", a estimé Omar al-Kazabri, imam de la mosquée Hassan II de Casablanca, la plus grande mosquée du pays.

"Regardez nos rues. Cela brise le cœur de voir la situation dans laquelle nous nous trouvons, la nudité obscène, l'étrange audace contre les commandements de Dieu, un défi et un outrage à la population", accuse-t-il dans ce message publié sur sa page Facebook.

"Des femmes jeunes, dénudées, fumant des cigarettes. Où sont leurs tuteurs? Des filles dénudées, des garçons perdus, tombés dans les filets de la séduction. Ils sont tous victimes d'un complot contre cette nation, un complot dont les responsables ont voulu tuer la pudeur, les valeurs, les principes", affirme l'imam Kazabri.

Le religieux, l'une des principales figures de l'islam officiel marocain, vitupère les "bandits de grand chemin qui sèment la confusion", et qui "combattent les défenseurs de la pudeur", les accusant de ne pas "respecter la liberté de celle qui a choisi le voile ou le niqab".

Sa longue déclaration, mise en ligne en début de semaine, a été reprise par plusieurs médias locaux, dont certains ont vivement dénoncé cette prise de position.

"Quelle mouche l'a donc piqué?", s'interrogeait jeudi le site Média24 (privé), tandis que Telquel, autre site privé, s'étonnant de cette "conception assez particulière de la nudité", jugeait l'imam n'en est "pas à sa première sortie hasardeuse".

Ce discours "fait peur" et "est d'autant plus dangereux qu'il est très audible et qu'il n'est pas celui de l'imam d'une mosquée de quartier", soulignait Média24, rappelant qu'au Maroc "le monopole du religieux est exercé sous l'autorité" du roi Mohamed VI.

Devant cet emballement médiatique, Omar al-Kazabri a publié un nouveau message sur Facebook, dans lequel il déplore les "attaques" de certains médias: "ce n'est pas moi qui a dit que les impudiques iront en enfer, (...) moi je n'ai fait que répéter le Hadith de notre prophète", s'est-il défendu.

L'islam est religion d'Etat au Maroc (à 99% musulman), où le souverain, figure tutélaire de tous les musulmans du pays, est également conféré du titre de "Commandeur des croyants".

Chantre d'un islam tolérant et modéré, le Maroc se positionne dans le monde musulman comme le maillon fort de la lutte contre le jihadisme, en particulier en Afrique.

De très nombreuses Marocaines sont vêtues à l'occidentale et ne portent pas le voile dans les grands centres urbains. La situation est sensiblement différente dans les campagnes, plus conservatrices, mais varie également d'une région à l'autre, ou en fonction des appartenances culturelles et sociales.

Le port du voile, en particulier à la mode plus stricte moyen-orientale, du burkini, ou à l'inverse les tenues jugées trop dénudées sont régulièrement sujet à polémique dans le pays, où les islamistes modérés du PJD sont au gouvernement depuis les législatives de 2011. Les controverses sur les mœurs -avortement, sexualité, prostitution...- sont également fréquentes.

Avec AFP

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