"Pour nous parties civiles, ces faits-là, ces crimes horribles, regrettables, condamnables, inacceptables, ce sont des crimes contre l’humanité", a dit Me Hamidou Barry, l'un des conseils des parties civiles.
Ouvert le 28 septembre 2022, le procès de l'ancien dictateur Moussa Dadis Camara et de dix autres anciens responsables militaires et gouvernementaux est entré lundi dans sa phase finale, celle des plaidoiries des nombreuses parties civiles, avant le réquisitoire du procureur et les plaidoiries de la défense.
La cour a demandé lundi aux avocats de faire en sorte que les accusés soient fixés sur leur sort avant les vacances judiciaires en août. Les avocats des parties civiles devraient à eux seuls s'exprimer pendant plusieurs jours, au nom d'organisations représentant des centaines de victimes.
Le 28 septembre 2009 et les jours suivants, des membres de la garde présidentielle, des soldats, des policiers et des miliciens avaient réprimé un rassemblement de l'opposition et massacré avec une brutalité effrénée dans un stade de Conakry et ses alentours.
Au moins 156 personnes ont été tuées par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, des centaines blessées et au moins 109 femmes violées, selon le rapport d'une commission d'enquête internationale mandatée par l'ONU. Les chiffres réels sont probablement plus élevés. La commission avait estimé que ces agissements pouvaient être constitutifs de crimes contre l'humanité.
C'est l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire politique de la Guinée, qui n'en manque pas. La justice a retenu une litanie de qualifications d'assassinats, meurtres, actes de torture, coups et blessures volontaires, séquestrations, incendies volontaires ou encore pillages.
Mais Me Hamidou Barry a rappelé lundi que la demande des victimes de requalification en crimes contre l'humanité avait été rejetée par les juges d'instruction en 2017, par la cour d'appel en 2018 et la cour de cassation en 2019. "Ce qui s’est passé le 28 septembre 2009 et les jours qui ont suivi, il n’y a pas d’autres qualifications: ce sont des crimes contre l’humanité", a-t-il dit.
Il a évoqué les camps militaires dans lesquels avaient été emmenées certaines personnes arrêtées. Dans ces camps, a-t-il estimé, "tuer ne suffit pas, violer ne suffit pas, blesser ne suffit pas, jeter dans l’océan ne suffit pas, il faut aussi arracher les joues de la femme qui vend des tomates ou des feuilles de patates". Le procureur a lui aussi demandé, en mars, la requalification des faits en crimes contre l’humanité. La cour a décidé qu'elle statuerait au moment du jugement.
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