Les groupes d'extrême droite américains ont crié victoire après son arrestation jeudi, soulignant que la recrudescence des menaces antisémites depuis la prise de fonctions de Donald Trump en janvier à la Maison Blanche leur avaient été imputées à tort.
La réaction de M. Trump face à cette vague de menaces a été considérée comme trop lente par les organisations juives américaines et mondiales.
Ces critiques ont aussi été alimentées par l'ambivalence souvent prêtée au président américain sur le sujet, sa campagne ayant été soutenue par certains groupes américains de la droite ultra, raciste et antisémite.
Plus de 150 menaces ont été recensées contre des institutions juives aux Etats-Unis depuis le début de l'année. Par ailleurs, des croix gammées ont été inscrites sur des murs et des tombes juives profanées.
A ce stade de l'enquête, la part de ces menaces relevant du suspect juif, israélo-américain, n'est pas encore connu.
Le jeune homme n'est pas le premier interpellé pour de tels faits. Début mars, le FBI avait arrêté un ancien journaliste de 31 ans, suspecté d'avoir lancé de fausses alertes à la bombe contre des établissements juifs américains.
- 'Très grave inquiétude' -
Le site antisémite américain Quotidien Stormer, qui avait prétendu que ces menaces antisémites relevaient d'un complot juif, a crié victoire.
Tout comme le quotidien de la droite ultra, Breitbart News, anciennement dirigé par le principal responsable de la stratégie de M. Trump, Steve Bannon.
"Lorsque le président a suggéré que certains des crimes antisémites haineux étaient peut-être des canulars, le Huffington Post (gauche) a affirmé qu'il faisait écho aux +théoriciens du complot d'extrême droite+", peut-on lire sur Breitbart News.
"Cependant, les arrestations suggèrent jusqu'à présent que la plupart des menaces étaient effectivement des canulars".
Les organisations juives américaines ont tenté de minimiser les retombées de l'arrestation du suspect, affirmant qu'elle ne mettait pas fin à leurs craintes.
L'Anti-Defamation League a souligné que "l'antisémitisme aux Etats-Unis demeure un sujet de très grave inquiétude".
"Personne n'a encore été arrêté pour la profanation de trois cimetières ou de toute une série d'autres incidents antisémites comme des croix gammées", a-t-elle rappelé.
Pour Malcolm Hoenlein, vice-président exécutif de la Conférence des présidents des principales organisations juives, les menaces risquent de n'être "plus prises au sérieux", a-t-il affirmé au Jerusalem Post.
- Choc en Israël -
En Israël, la nouvelle de cette arrestation a choqué.
"Les résultats des actions de ce jeune homme sont que la théorie classique du complot antisémite --les juifs se présentent comme des victimes, mais orchestrent en fait ces prétendues attaques-- va avoir le vent en poupe", estime un commentateur du quotidien Yediot Aharonot.
Des détails continuent à émerger sur le suspect même si son identification fait toujours l'objet d'un black-out de la police.
Selon un reportage de la deuxième chaîne de télévision israélienne diffusé vendredi, le suspect est présenté comme un jeune homme introverti et surdoué, qui quittait rarement sa chambre.
Son avocate Galit Bash a de son côté indiqué qu'il était âgé de 18 ans et souffrait d'une tumeur au cerveau pouvant interférer sur ses prises de décisions.
Son état de santé l'a empêché d'aller à l'école publique et d'effectuer son service militaire obligatoire, a-t-elle ajouté.
Selon la police israélienne, il a procédé à des menaces depuis le domicile familial ces deux à trois dernières années contre des institutions juives aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande et en Australie.
En février 2015, il aurait ainsi envoyé une fausse alerte à la bombe à la compagnie américaine Delta Airlines, provoquant un atterrissage d'urgence.
Le filet s'est resserré autour de lui après une menace en Nouvelle-Zélande en 2016 qui avait permis à la police d'identifier l'adresse IP de son ordinateur, selon le quotidien Haaretz.
Utilisant une antenne, l'adolescent se serait servi des ordinateurs d'autres personnes pour émettre ses menaces.
Ses motivations ne sont pas connues pour le moment. Son père a également été arrêté et leur prochaine audience a été fixée au 30 mars.
Avec AFP