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Merkel sous pression sur les réfugiés après une déroute électorale


La chancelière allemande Angela Merkel à la chancellerie à Berlin , le 29 janvier 2016.
La chancelière allemande Angela Merkel à la chancellerie à Berlin , le 29 janvier 2016.

La chancelière allemande était sous pression lundi au lendemain de la débâcle de son parti conservateur lors de régionales et de la percée des populistes, portés par une opposition croissante à la politique d'accueil des réfugiés d'Angela Merkel.

Celle qui dirige l'Allemagne depuis plus de dix ans doit s'exprimer à la mi-journée après que son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), est arrivé deuxième lors des scrutins dans le Bade-Wurtemberg (sud-ouest) et en Rhénanie-Palatinat (ouest). En Saxe-Anhalt (est), si les conservateurs remportent le vote, ils sont talonnés par les populistes de l'AfD.

Impulsée par Mme Merkel l'été dernier, la généreuse politique d'accueil des demandeurs d'asile --1,1 million en 2015-- a été au coeur des débats électoraux, et les scores exceptionnellement élevés de l'AfD dans les trois régions (entre 12 et 24%) montrent l'étendue de la fronde contre elle.

- 'Ligne claire' -

Mais de hauts responsables politiques ont exclu dès dimanche soir que la chancelière change sa ligne, elle qui refuse de plafonner arbitrairement le nombre de réfugiés accueillis en Allemagne.

"Nous avons une ligne claire sur la politique concernant les réfugiés et nous la gardons", a prévenu Sigmar Gabriel, le vice-chancelier et patron des Sociaux-démocrates (SPD) partenaires de la coalition gouvernementale de Mme Merkel.

Le secrétaire général de la CDU, Peter Tauber a reconnu "des temps difficiles" mais a dit "ne pas attendre" de changement dans la ligne de la chancelière.

Mais pour la CSU, l'allié bavarois de la CDU qui s'oppose à la politique migratoire de Mme Merkel, ces résultats prouvent qu'un changement de cap est essentiel.

"L'origine des mauvais scores de la CDU (...) est la politique permettant l'afflux illimité et incontrôlé des réfugiés", a estimé un responsable parlementaire, Hans Michelbach.

"La seule conséquence logique de ces résultats serait de corriger le cours de la politique sur les réfugiés", a-t-il jugé.

Dans la presse en ligne, les commentaires étaient sans appel: la CDU est le grand perdant, l'AfD le vainqueur incontestable et Mme Merkel se retrouve dans une position inconfortable après des années de domination de la vie politique.

"C'est un dimanche noir pour la chancelière Angela Merkel. Elle a longtemps espéré que malgré les résistances à sa politique sur les réfugiés elle pourrait gagner" deux régions, relève le site de l'hebdomadaire Der Spiegel.

"Mais finalement, ce n'est pas le cas. Merkel devra vivre avec le reproche d'avoir laissé l'AfD s'installer durablement", poursuit-il.

L'envolée de l'AfD, qui a multiplié les dérapages verbaux anti-migrants, constitue un scénario inédit depuis 1945 dans un pays toujours en quête d'exemplarité morale après l'horreur nazie.

Le résultat est d'autant moins réjouissant pour le gouvernement en place que le SPD prend l'eau aussi. S'il gagne en Rhénanie-Palatinat, il est à moins de 15% dans les deux autres régions et se fait doubler par les populists.

- Merkel fragilisée dans l'UE -

Ainsi, le site du quotidien populaire Bild note que les deux partis qui dominent la vie politique allemande depuis 1945 "doivent lécher leurs plaies" après cet "important test sur la politique en matière de réfugiés".

La débâcle électorale ne devrait par ailleurs pas faciliter la position de Mme Merkel à l'échelle européenne où son refus de verrouiller l'Union européenne face à l'afflux des réfugiés, notamment de Syriens fuyant la guerre, est décrié par nombre d'Etats-membres.

La chancelière pousse elle pour des solutions d'accueil à l'échelle européenne et un accord controversé entre la Turquie et l'UE en cours de négociations avant un sommet les 17-18 mars.

Elle a ainsi critiqué les pays de la route des Balkans menant les migrants vers l'Europe du Nord pour avoir fermé leurs frontières, laissant des dizaines de milliers de personnes coincées en Grèce dans des conditions jugées abominables.

Pourtant, de hauts responsables allemands, dont le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière, se sont réjouits de cette fermeture qui s'est traduite pas une baisse de 33% des arrivées en Allemagne entre janvier et février.

Dès lors pour certains et à la lumière des défaites électorales, la chancelière doit reconnaître cette réalité.

"Elle profite plus que tout autre de la fermeture des frontières qu'elle critique (...) Merkel doit s'expliquer, et après ces élections plus que jamais", note le quotidien bavarois Nürnberger Nachrichten.

Avec AFP

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