Accueillis par le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu samedi, ils ont visité sous d'importantes mesures de sécurité un camp de réfugiés à Nizip, petite ville proche de la frontière syrienne, a constaté l'AFP.
Ouvert en 2013, le camp de Nizip 2 accueille dans des préfabriqués près de 5.000 réfugiés syriens, dont 1.900 enfants, selon les chiffres du gouvernement turc.
A son arrivée, des jeunes Syriennes vêtues en blanc ont offert un bouquet de fleurs à la chancelière, entourée de plusieurs dizaines de gardes du corps.
Une banderole accrochée au-dessus de la porte grillagée du camp proclamait : "Bienvenue en Turquie, le pays qui accueille le plus de réfugiés au monde" (2,7 millions). Des dizaines d'enfants étaient agglutinés derrière le grillage.
"Nous avons des écoles et des hôpitaux, la vie est bonne ici. Mais on veut savoir quel est notre avenir. (...) Si la guerre se termine aujourd'hui, je rentre demain en Syrie", a déclaré à l'AFP Mohammed Tomoq, 49 ans, qui a fui Damas avec sa femme et ses quatre enfants.
Au terme de cette visite, les dirigeants européens et M. Davutoglu ont inauguré sous les applaudissements un centre de protection abritant des enfants syriens, construit avec des fonds européens. Ils devaient ensuite s'adresser à la presse à 17H00 GMT.
Cette visite "sert à montrer comment la Turquie et l'UE mettent en commun leurs forces pour affronter la crise des réfugiés syriens", a dit la Commission européenne, indiquant qu'elle avait à ce jour dépensé 77 millions d'euros dans divers projets en Turquie, auxquels s'ajouteront bientôt 110 millions d'euros.
Ce déplacement intervient trois semaines après le renvoi en Turquie des premiers migrants de Grèce dans le cadre d'un accord controversé conclu le 18 mars entre Bruxelles et Ankara visant à dissuader les passages clandestins en Europe, confrontée à sa pire crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale.
La Turquie s'est engagée à accepter le retour sur son sol de tous les migrants entrés illégalement en Grèce depuis le 20 mars. Le plan prévoit en outre que pour chaque réfugié syrien renvoyé en Turquie, un autre sera "réinstallé" dans un pays européen, dans la limite de 72.000 places.
En contrepartie, les Européens ont accepté de fournir jusqu'à six milliards d'euros, de relancer les discussions sur l'intégration de la Turquie à l'UE et d'accélérer le processus de libéralisation des visas pour les Turcs.
- Ankara menace de se retirer de l'accord -
Pour les dirigeants d'Ankara, qui ont promis aux 79 millions de Turcs une exemption de visa d'ici fin juin, l'enjeu est de taille. Ils ont fait monter les enchères cette semaine, menaçant de ne plus respecter l'accord si les Européens ne tenaient pas leur engagement.
L'exécutif européen a indiqué qu'il présenterait un rapport sur le sujet le 4 mai, mais il est attendu au tournant par ceux qui redoutent que Bruxelles brade ses valeurs pour se concilier la Turquie.
"Nos libertés, y compris la liberté d'expression, ne feront l'objet d'aucun marchandage politique avec quelque partenaire que ce soit", a assuré vendredi M. Tusk dans une tribune parue dans plusieurs journaux européens.
Mme Merkel a été très critiquée dans son pays pour avoir autorisé des poursuites pénales réclamées par la Turquie contre un satiriste ayant dépeint M. Erdogan en zoophile, une affaire qui a tendu les relations entre Ankara et Berlin.
Elle a souligné que sa visite permettrait de faire le point sur la mise en place de l'accord et décider de futures actions pour aider les Syriens réfugiés en Turquie.
Confronté depuis l'an dernier à des attentats meurtriers attribués à la rébellion kurde et au groupe de l'Etat islamique (EI), la Turquie est sur le qui-vive. Samedi, le gouverneur de la province de Konya (centre) a annoncé l'arrestation à quelques heures du déplacement des leaders européens de six membres présumés de l'EI qui fomentaient un attentat contre "des dignitaires".
Depuis l'entrée en vigueur de l'accord, 325 migrants en situation irrégulière arrivés en Grèce ont été renvoyés en Turquie et 103 réfugiés syriens réinstallés dans l'UE, selon la Commission. Et le nombre de migrants gagnant la Grèce depuis les côtes turques a chuté, selon Ankara.
Avec Afp