Médecins sans frontières (MSF) a demandé mardi que des "passages sécurisés" des demandeurs d'asile vers l'Europe soient créés par l'UE, dont elle a dénoncé l'"échec catastrophique" dans sa gestion de la crise migratoire.
Dans un rapport publié mardi, réalisé grâce à des témoignages du personnel de MSF et des patients sur le terrain, l'organisation estime que les "obstacles que l'UE et les gouvernements européens ont placés sur la route de plus d'un million de personnes" n'ont fait qu'empirer leur situation au cours de l'année écoulée.
Elle a notamment critiqué l'absence d'"alternative offerte à une traversée maritime meurtrière" pour ceux qui fuient la guerre, les clôtures érigées en Europe, ainsi que l'"évolution permanente" des procédures administratives d'enregistrement pour les demandeurs d'asile arrivant sur le sol européen.
MSF a aussi déploré "des conditions d'accueil complètement inadéquates en Italie et en Grèce", dans un communiqué. Les "murs" dressés par l'Europe "ont contraint MSF et d'autres organisations humanitaires à intensifier radicalement leurs activités au niveau des points d'entrée dans l'UE".
Plus de 100.000 consultations sur le terrain lui ont permis de dresser "un aperçu dramatique des conséquences de ces obstacles sur la santé des gens, à la fois physiques et mentales", a souligné MSF, qui "jamais auparavant n'avait eu autant d'activités médicales et humanitaires et de personnel déployé en Europe".
Après "l'échec catastrophique de l'UE dans sa réponse aux besoins humanitaires des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants" en 2015, les Européens "doivent faire le point sur le coût humain de leurs décisions, assumer leurs responsabilités et apprendre de leurs erreurs" en 2016.
"Nous continuons à demander des passages sécurisés et nous exhortons l'Europe d'arrêter de jouer avec les vies et la dignité" des gens, a plaidé Aurélie Ponthieu, conseillère humanitaire de MSF sur les Déplacements, citée dans le communiqué.
Le président de la Commission européenne a sermonné vendredi dernier les Etats membres de l'UE qui "n'ont pas tenu leurs engagements" dans la répartition des demandeurs d'asile au sein de l'UE à partir de l'Italie et de la Grèce.
Pour l'heure, sur les 160.000 demandeurs d'asile qui doivent être "relocalisés" à terme dans l'UE, seulement 322 l'ont été effectivement, selon les derniers chiffres disponibles de l'exécutif européen.
AFP