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Mobilisation face à la grande peur du choléra à Kinshasa


Un membre de la Croix-Rouge congolaise explique les symptômes, les risques et les précautions du choléra aux enfants à Kinshasa le 18 janvier 2018.
Un membre de la Croix-Rouge congolaise explique les symptômes, les risques et les précautions du choléra aux enfants à Kinshasa le 18 janvier 2018.

L'heure est à la mobilisation contre le choléra à Kinshasa, surtout dans le quartier camp Luka, épicentre de l'épidémie au coeur de la troisième mégapole africaine qui souffre de gros problèmes de distribution et d'évacuation des eaux.

Au total "803 cas suspects et 32 décès ont été enregistrés depuis le 25 novembre" parmi les quelque 10 millions d'habitants de la capitale de la République démocratique du Congo, a indiqué vendredi à l'AFP le coordonnateur du programme choléra du ministère de la Santé, le professeur Didier Bompangue.

"La tendance est à la diminution du nombre de cas journaliers", se félicite M. Bompangue qui espère que les autorités pourront bientôt enrayer l'épidémie malgré le manque de moyens.

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M. Bompangue regrette que les partenaires de la RDC (OMS, Unicef) n'aient pas davantage financé un plan de réponse qui prévoyait "quatre millions de dollars".

Le choléra se manifeste par des diarrhées et une forte déshydratation pouvant mener à une mort rapide.

La bactérie de cette "maladie des mains sales" s'attrape par "l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés", indique l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). "L'approvisionnement en eau sûre et l'assainissement sont essentiels pour réduire la transmission du choléra", note l'OMS.

A Kinshasa, la cause première du choléra est "le déséquilibre entre la densité de population et les infrastructures", selon le professeur Bompangue: "La régie des eaux de Kinshasa même en plein régime est en-dessous des besoins en eau de la population".

Dans un cercle vicieux en cette période de saison des pluies, le débordement des eaux lié au manque de canalisation et l'accumulation des ordures domestiques qui ralentissent l'évacuation des eaux, aggravant les risques d'inondations et de stagnation des eaux sales, et potentiellement contaminées.

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Le plus grand nombre de cas a été enregistré dans le quartier camp Luka, qui concentre tous ces problèmes: forte densité de population, voiries non-asphaltées et inondables, manque d'assainissement.

- 'On a notre Dieu' -

A l'entrée du quartier, non loin d'un cimetière envahi par les herbes folles, un centre de traitement a été ouvert, géré par le ministère de la Santé puis l'ONG Médecins sans frontières (MSF).

Devant le centre, un homme portant un chasuble de la Croix-Rouge explique le contenu d'affiches de prévention à un groupe d'enfants.

Le centre de traitement a été interdit aux journalistes après la diffusion d'un reportage montrant des patients en gros plan, "augmentant ainsi le risque de stigmatisation", s'est indigné le ministre de la Santé, Oly Ilunga Kalenga.

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"Il est toutefois essentiel de continuer à diffuser une information sanitaire correcte et responsable pour sensibiliser l'ensemble de la population et les médias restent nos partenaires privilégiés dans cette tâche", a poursuivi le ministre cité par la presse kinoise en début de semaine.

Sous les deux tentes faisant office d'hôpital, allongées sur des lits de camp, quelques femmes reçoiventdes perfusions. Au total 26 patients ont été soignés jeudi, sans aucun décès, d'après MSF qui a repris la gestion du centre jeudi.

Loin du centre, Géraldine vit au beau milieu du quartier, dans une maison au bout d'un chemin non-asphalté et submergé par la boue en ce matin de fortes pluies.

La jeune femme de 26 ans ne se souvient pas avec précision de la date du décès de sa cousine, Rosette, une vingtaine d'années, "il y a deux ou trois mois". "Elle avait des céphalées intenses. Après, elle faisait les diarrhées. Quand on a vu le médecin, il nous a dit que c'était le choléra. C'était déjà tard, elle était morte".

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La mort de la cousine a modifié quelques comportements. Mère d'une petite fille, Géraldine, 26 ans, utilise des comprimés de purification de l'eau Aquatabs qu'elle a reçus. "Pour boire, pour mettre dans l'eau. Après 30 minutes, tu peux prendre".

"Si tu te rends aux toilettes, dès que tu sors, tu te laves les mains avec le savon. S'il n'y a pas de savon, tu prends des cendres pour te laver les mains", poursuit Géraldine.

"On n'a pas peur parce qu'on a notre Dieu qui nous protège. Et puis on prie", ajoute la jeune Témoin de Jéhovah.

Avec AFP

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