En moins de cinq jours les modifications ont été apportées et déclarées conformes à la constitution avant d'être promulguées par le président Patrice Talon, une première dans l'histoire politique du Bénin.
Désormais le maire et ses adjoints sont désignés par le parti ayant obtenu la majorité absolue des conseillers. À défaut de la majorité absolue, les élus locaux sont désignés par l'ensemble des partis ayant constitué une majorité absolue par la signature d'un accord de gouvernance communale. Et cette nouvelle loi, adoptée, en plein processus électoral, n'a pas manqué d'étonner certains.
Cest le cas de Bob Yaovi, juriste. "Il n'y avait pas encore matière à aller vers un vote en procédure d'urgence", a-t-il souligné à VOA Afrique.
"Les communes sont transformées en société anonyme avec un conseil d'administration qui n'est rien d'autre que le chef du parti et un administrateur général qui est le maire. Dans ces conditions, où est l'essence de la gouvernance locale? Cette loi là pose de sérieux problèmes", explique-t-il.
Les députés défendent la modification
Pourtant en procédant à la modification en procédure d'urgence du code électoral, les députés assurent régler un problème qui maintenait l'élection des maires dans une instabilité totale, plombant ainsi le processus de la décentralisation.
"La loi telle qu'elle était semble obscure aux militants et aux différentes formations politiques. Même les élus ne s'y retrouvaient pas", a déclaré Joseph Anani, député. "Il y avait lieu de clarifier ou de préciser certains points afin que l'esprit de la loi ne soit pas extraverti. Par exemple, il y a des élus, qui de façon solitaire exigent qu'on les élisent maires ou bien des gens forment et s'acoquinent avec une minorité qui les encourage à se porter volontaire quitte à être élu au détriment du choix voulu par le parti", a-t-il précisé.
Une installation de la loi sans difficulté
Au lendemain de la promulgation de la loi par le chef de l'État, les maires dans la plupart des communes ont été installés sans trop de difficultés. Mais cette modification qui donne un plein pouvoir aux chefs de partis politiques dans la désignation du maire ne ralentit-elle pas le processus de la décentralisation déjà instable au Bénin? "Non", répond le député Joseph Anani. Pour lui, "ce toilettage est une aubaine".
"À la longue, il faudra s'attendre à la discipline au sein des formations politiques. Les individus étaient plus forts que les partis politiques. On se dissocie du groupe pour imposer sa loi. Nous voulons des institutions fortes, nous voulons que nos partis soient forts et qu'il y ait la discipline au sein des partis. C'est une manière de limiter aussi la transhumance politique. Il était très important que cette clarification soit donnée afin que chacun soit situé", a-t-il ajouté.
Mais on observe déjà des soulèvements dans certaines communes suite à la désignation des maires. Les populations s'insurgent contre la désignation de certains élus locaux.
Dimanche, l'association des rois et notables de Djougou, une ville située dans le nord du Bénin, a rejeté à travers une lettre adressée à l'autorité préfectorale, le poste attribué au premier adjoint du maire. Les jours à venir annoncent d'autres mouvements d'humeur dans certaines villes du pays.