"L'UA n'a déployé que 32 observateurs des droits de l'Homme et 15 experts militaires sur les 100 prévus dans chaque catégorie", a assuré à l'AFP un diplomate africain, sous couvert d'anonymat, évoquant la "persistance de divergences" sur leurs conditions d'engagement.
"Le gouvernement burundais veut d'abord avaliser les rapports de ces observateurs avant leur envoi au siège de l'UA, ce que l'organisation refuse, et ensuite l'UA veut que ses observateurs déployés à la frontière du Rwanda soient armés, ce que rejette Bujumbura", a-t-il précisé.
"Nous avons l'impression que le gouvernement burundais a tout fait pour retarder cette mission, même si les choses semblent aller dans le bon sens", a estimé la même source.
Le désaccord a été confirmé à l'AFP par un haut cadre burundais, qui soutient toutefois que "le gouvernement burundais est de bonne foi (...) et doit veiller à préserver la souveraineté nationale".
Selon un second diplomate africain, l'UA espère le déploiement "dans les plus brefs délais" de 15 observateurs des droits de l'Homme et de 19 experts militaires supplémentaires, dont 6 policiers.
"Ce retard dans le déploiement des observateurs et experts militaires ne fait que discréditer l'UA, alors que nos équipes sur le terrain sont incapables de faire correctement leur travail en raison de toutes ces contraintes", regrette-t-il.
La question devrait être discutée lors de la visite de trois jours au Burundi du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA, débutée mercredi.
En février, cinq chefs d'Etat africains avaient obtenu, lors d'une visite au Burundi, que ce dernier accepte que soit porté à 200 le nombre d'observateurs de l'organisation africaine déployés depuis septembre 2015.
Au plus fort de la crise burundaise, le CPS avait prôné l'envoi d'une Mission africaine de prévention et de protection forte de 5.000 hommes pour tenter d'enrayer le cycle des violences, mais avait finalement dû y renoncer après une décision contraire du sommet des chefs d'Etat de l'UA fin janvier.
Le Burundi a plongé dans une grave crise émaillée de violences lorsque le président Pierre Nkurunziza a annoncé sa candidature en avril 2015 pour un troisième mandat avant d'être réélu en juillet. Ces violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 Burundais à l'exil.
Avec AFP