Inculpée pour "complot" en vue de "promouvoir les intérêts de la Russie" après son arrestation en juillet 2018, elle est la première Russe dont la culpabilité a été reconnue par les enquêtes portant sur les ingérences de Moscou dans la campagne présidentielle de 2016 aux Etats-Unis.
Les procureurs américains avaient expliqué ne recommander que 18 mois de prison en raison "de son aide conséquente aux forces de l'ordre".
Maria Butina, 30 ans, coopère avec la justice américaine depuis qu'elle a plaidé coupable en décembre d'avoir agi comme un agent d'un pays étranger sans notifier officiellement le gouvernement, un chef d'inculpation qualifié d'"espionnage light" par l'accusation.
Ses avocats ont cependant argué qu'elle avait déjà passé neuf mois en prison et demandé à ce qu'elle soit renvoyée en Russie une fois sa peine prononcée.
"Maria est accusée d'avoir mené une diplomatie parallèle et d'avoir fait du lobbying lors de conférences", a estimé l'un de ses avocats.
Moscou a pour sa part dénoncé des accusations américaines "infondées" et une "inquisition politique".
Originaire de Sibérie, elle s'était fait remarquer dès 2014 du lobby conservateur américain en militant pour une organisation pro-armes russe, le "Droit aux armes".
Sur les réseaux sociaux, la jeune femme aux longs cheveux roux dénonçait la stricte régulation sur les armes dans son pays, posant souvent avec un pistolet à la main.
- Monnaie d'échange -
Lors de visites aux Etats-Unis, elle avait rencontré dès 2015 des responsables de la National Rifle Association (NRA), le plus grand lobby des armes américain, proche du parti républicain.
Selon l'accusation, elle travaillait sous la direction d'Alexandre Torchine, un responsable politique et banquier proche du président russe Vladimir Poutine qui est sous le coup de sanctions américaines depuis avril.
La justice américaine estime que, malgré l'absence de liens entre l'accusée et les services de renseignement russes, elle faisait partie d'un complot du Kremlin visant à infiltrer et perturber le système politique américain, notamment lors de l'élection de 2016 qui avait vu la victoire de Donald Trump.
Mais son cas ne semble pas lié à la tentaculaire enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'ingérence russe. Son rapport, rendu public la semaine dernière, a conclu qu'il n'y avait pas eu d'entente entre les membres de l'équipe Trump et la Russie, malgré de nombreux contacts.
La fin de ce procès intervient alors qu'en Russie, un Américain, Paul Whelan, a été arrêté fin décembre et accusé d'espionnage.
Certains observateurs estiment qu'il pourrait servir de monnaie d'échange.
Washington "doit prendre en compte qu'ils ont un Américain et que nous avons une Russe", a estimé Steven Hall, ex-chef de la division des opérations russes à la CIA.
Mais cette thèse est réfutée par le frère de Paul Whelan. "Il n'y a pas de raison de penser que le résultat de l'audience (vendredi) aura un effet sur la détention de Paul", a déclaré à l'AFP David Whelan.