"Ca va être un match très serré, je parie pour un 1-0 pour l'Argentine. Avec un but d'Acuna, le seul en qui j'ai confiance avec Messi", confie Juan Manuel Santamaria, un ingénieur de 31 ans, qui a prévu de voir le match chez un ami.
Si l'Argentine s'impose, elle est assurée de disputer un barrage contre la Nouvelle-Zélande, ou peut se qualifier directement en cas de contreperformance de ses adversaires directs.
"C'est compliqué, je veux que la sélection soit présente au Mondial en Russie, mais seul un miracle peut les sauver. Je vais prier pour eux", promet Maria Cordoba, une opticienne de 64 ans.
Avant la 18e et dernière journée, l'Argentine est au 6e rang du classement, alors que les quatre premiers sont qualifiés directement, le 5e pour un barrage.
- Goool -
Comme à chaque grand évènement footballistique, l'Argentine retient son souffle et fait corps derrière la sélection nationale. Quelques maillots bleu ciel et blanc fleurissent dans les rues.
"Avec passion, on va gagner, mais je suis très tendue", confie Lucia Torres, 27 ans, employée à la mairie de Buenos Aires, qui distribue des tracts pour les élections législatives du 22 octobre.
Pour Sergio Guardo, un serrurier de 36 ans vivant dans un faubourg populaire de la capitale argentine, c'est un manque de chance qui a placé la sélection double championne du monde dans une situation précaire.
"Quelle malchance, contre le Pérou, c'était incroyable, le ballon allait au dessus des cages, sur le poteau, à gauche, ils n'ont jamais réussi à la mettre au fond", lâche-t-il.
Sur la radio La 100, celui qui devait commenter le match en direct dans la soirée, s'échauffait en mimant une action qui donnait la victoire à l'Argentine, synonyme de qualification.
"Nous sommes à 89e minute de jeu, le score est toujours de 0-0, Romero dégage pour Otamendi, qui la donne à Mascherano, qui lance Di Maria, qui remise pour Messi, et goooooool, gooooool", hurle-t-il au micro.
-Sans Messi-
La perte de pouvoir d'achat, principale préoccupation des Argentins, est temporairement reléguée au second plan. Les tourments de la sélection n'affectent pas le porte-monnaie mais chagrinent presque tout un peuple, qui veut renouer avec le bonheur de soulever la Coupe du monde, déjà brandie en 1978 et 1986.
Les Argentins espèrent tous la qualification, mais certains n'y croient plus.
Alberto Alonso, un psychologue de 61 ans, théorise sur les problèmes offensifs de l'équipe argentine. "A Barcelone, le meilleur joueur (après Messi) c'est Iniesta, et Messi bénéficie de ses passes lumineuses. En sélection argentine, il est entouré d'un groupe d'amis", dit-il en référence à l'influence du numéro 10 sur les choix du sélectionneur.
"Je ne crois pas que l'Argentine se qualifie, ils sont dans une logique de défaite. On dirait qu'ils ont le trac", poursuit-il.
Selman Reyes, un Uruguayen qui vit depuis 27 ans en Argentine, perçoit un manque de combativité des Argentins. "Il me semble que les joueurs de la sélection d'Uruguay, ont plus la rage de gagner". "S'il ne peuvent pas gagner contre le Pérou, pourquoi aller au Mondial?" ironise-t-il.
Alejandro Insaurralde, un électricien de 44 ans, est remonté contre le quintuple Ballon d'or. "Messi ne devrait pas jouer, il n'a pas de coeur. Batistituta, Simeone, el Diego (Maradona), eux, ils avaient du coeur".
Lionel Messi a gagné tous les trophées avec Barcelone, mais il doit désormais gagner avec la sélection pour espérer détrôner Maradona dans le coeur des Argentins.
Avec AFP