Quatre autres membres des forces de sécurité ont été inculpés pour "abstention délictueuse", c'est-à-dire pour ne pas avoir empêché la commission des faits présumés, et ont été placés sous contrôle judiciaire, a indiqué lundi soir le procureur général Alphonse Charles Wright dans un communiqué.
Ces mises en cause, le fait qu'elles soient rendues publiques et la divulgation des identités des cinq suspects sont exceptionnels dans un pays dont les forces de gendarmerie et de police sont de longue date montrées du doigt par les défenseurs des droits pour leur usage excessif de la force et l'impunité dont elles bénéficient de la part des autorités.
"Le nommé adjudant-chef Moriba Camara a été inculpé et placé sous mandat de dépôt pour des faits présumés de meurtre sur la personne de Thierno Mamadou Diallo", a annoncé le procureur général.
La mort de Thierno Mamadou Diallo, 19 ans, tué par balle lors de heurts entre forces de sécurité et manifestants, est une des premières dans un contexte de contestation depuis la prise du pouvoir par le colonel Mamady Doumbouya. Elle met à l'épreuve l'engagement de la junte qui a renversé le président Alpha Condé le 5 septembre 2021 de rompre avec les pratiques du passé.
Le procureur général avait promis de faire la lumière sur le décès. Il a confirmé la semaine passée les propos des proches selon lesquels le jeune homme se trouvait dans une échoppe quand il a été atteint par un projectile alors que des coups de feu étaient tirés à l'extérieur au cours d'une manifestation spontanée contre la hausse du prix des carburants.
Des dizaines de Guinéens ont été tués entre 2019 et 2021 lors de manifestations contre un troisième mandat du président Condé, par balle dans la très grande majorité. Quasiment aucun policier ou gendarme n'a eu à rendre des comptes.