Le groupe Etat islamique (EI) a affirmé contrôler la ville et revendiqué l'attaque, survenue à seulement 10 kilomètres d'un mégaprojet gazier de plusieurs milliards d'euros piloté par le groupe français Total.
L'EI annonce aussi la mort de dizaines de militaires "et de chrétiens, dont des ressortissants d'États croisés".
Le gouvernement mozambicain avait affirmé la veille que l'attaque d'ampleur à Palma s'était traduite par des dizaines de morts.
Dans la soirée, l'EI a également diffusé une vidéo censée montrer les commandos. On y voit une bonne centaine d'hommes armés, jeunes pour la plupart, bandanas rouges ou tissus enroulés sur la tête, en treillis, T-shirts ou chemise longue.
Plusieurs experts décrypteurs de ce type d'images ont affirmé à l'AFP qu'elles avaient été tournées à Mocimboa da Praia, un autre port aux mains des jihadistes de la région, à une date inconnue.
Le signal du raid surprise mercredi, mené dans trois endroits de la ville de 75.000 habitants, semble avoir été l'arrivée prévue d'un bateau rempli de nourriture, selon plusieurs sources. L'attaque a immédiatement suivi son accostage, ont raconté des témoins à l'AFP.
Selon eux, le chargement était destiné à alimenter les commerces de la ville mais aussi à distribuer de l'aide aux personnes déplacées, nombreuses à Palma, après avoir quitté leurs villages en raison, déjà, de violences jihadistes.
"Ça a commencé juste après l'arrivée du gros navire", confie à l'AFP un homme qui a quitté Palma à pied pour se réfugier 180 km plus loin dans les terres. "Ils voulaient la bouffe. Ils ont attaqué la ville et apporté des camions pour décharger la nourriture qui venait d'arriver".
Les groupes armés ont foncé vers les banques, pour les piller, et les postes de police, ont raconté ces témoins.
Selon plusieurs experts, ils pourraient avoir été une grosse centaine.
Des témoins racontent que plusieurs d'entre eux se sont infiltrés incognito en ville quelques jours avant l'attaque, se logeant chez l'habitant.
Depuis, plusieurs habitants de Palma, interrogés via messagerie, décrivent une ville fantôme largement abandonnée.
- "Fort Apache assiégé" -
Lundi, humanitaires et agences onusiennes se sont concertés pour aider les milliers de civils qui ont pris la route de l'exode.
Entre 6.000 et 10.000 personnes se trouvaient dans le périmètre du site gazier, selon une source participant aux opérations d'évacuation. Ils sont arrivés par vagues, frappant à la porte du site ultra-sécurisé de milliers d'hectares, "sorte de Fort Apache assiégé", selon une source sécuritaire.
Total affirme dans un communiqué fournir "une aide humanitaire et logistique" à ce "nombre important de civils".
Le géant énergétique, qui espérait une reprise rapide des travaux du construction du site censé être opérationnel en 2024, a renoncé samedi.
Après le transfert de 1.400 travailleurs et civils à Pemba, port situé à quelque 200 km au sud, pirogues et bateaux à voile traditionnels, chargés de réfugiés, continuent à affluer, selon des témoins et ONG.
Les militaires, persuadés que des jihadistes se cachent parmi les réfugiés, ont bloqué l'accès à la plage, selon un photographe de l'AFP sur place.
Les groupes armés, qui terrorisent cette région frontalière avec la Tanzanie depuis 2017, sont montés en puissance depuis un an, multipliant les attaques sanglantes.
Contrôlant le port stratégique de Mocimboa da Praia depuis août 2020, ils poursuivent avec la prise de Palma leur "stratégie littorale", comme le souligne un expert sécuritaire français auprès de l'AFP: complexifier le soutien logistique de la base gazière, désormais "uniquement accessible et ravitaillable par voie maritime depuis Pemba".
La sécurité sur les routes de la région est déjà compromise depuis de nombreux mois.
L'ONU, qui condamne "fermement les attaques", s'est dite lundi "profondément préoccupée par la situation toujours en évolution à Palma". Tandis que Washington se disait "déterminé" à assister le gouvernement mozambicain, sans préciser de quelle manière.