"Face cette situation, afin d'éviter toute enlisement et plus d’enseuillement de famille, l’état-major des armées a entrepris des échanges avec les soldats dimanche et lundi", dit le ministre auprès du président de la république chargé de la défense Alain Richard Dowahi.
"A l’issue de ces échanges, un accord a été trouvé sur les modalité de sortie de crise. Malgré l'échange, des tirs ont repris à Abidjan. L’ état-major des armées appelle l’ensemble des soldats à libérer les corridors et à retourner dans les casernes tout en veillant à la quiétude des population. "Nous invitons les population à garder leurs calme et nous les assurons que toute est mis en œuvre pour un retour rapide à une situation apaisé", a-t-il déclaré.
Cette déclaration est ressorti de la réunion, sur instruction du chef d'Etat présidé par le Premier ministre et en présence de plusieurs membres du gouvernement ainsi que des haute autorité militaire.
Dans la capitale économique, Abidjan, de nombreux tirs étaient audibles en provenance des deux camps militaires d'Akouedo (est), formant la plus grande caserne du pays.
Les voies d'accès à Akouedo, et notamment une des principales artères de la zone, étaient fermées, empêchant les habitants de l'est de la ville de se rendre au centre d'Abidjan. Des hélicoptères survolent également la ville.
Des tirs étaient aussi audibles en provenance du camp Gallieni, au Plateau (centre ville), qui avait été un des points chauds de la journée de vendredi.
La voie menant à Bingerville est paralysée. Des mutins armés sont postés au rond point de Bingerville, juste après celui de la Riviera-palmeraie. Aucun véhicule n'est visible sur le tronçon. La circulation est timide en ville et les écoles sont fermées.
Le lycée français Blaise Pascal qui se trouve non loin de la zone a été fermé. "En raison de tirs au camp d'Akouedo et du blocage des carrefours alentours, les cours n'auront pas lieu aujourd'hui au lycée Blaise Pascal et à l'école Jacques Prévert. Il est recommandé d'éviter tout déplacement dans ce secteur", a prévenu le consulat de France dans un message.
L'ambassade de France à demandé à ses ressortissants de rester chez eux. La Banque Africaine de Développement (BAD) a demandé à ses employés "rester chez eux et de ne pas bouger (...) la situation sécuritaire" n'étant "pas claire pour le moment à Abidjan".
Des militaires en cagoules tirent devant l'État major et circulent en moto en tirant en l'air au plateau du quartier administrative des affaires.
Les pompiers-militaires ont également érigé des barricades devant leur camp à Indenie. La voie qui passe devant le ministère de la défense est également barré par des militaires en armes.
Normalisation au sud de Bouaké
La circulation est fluide dans le corridor sud de Bouaké.
Lundi matin, des tirs étaient aussi fréquents, les mutins n'hésitant pas à multiplier des séquences avec des armes de gros calibres, effrayant une partie de la population et générant depuis dimanche soir d'incessantes rumeurs sur l'attaque de la ville par les forces loyalistes.
Les mutins réclament les reliquats des primes promises par le gouvernement après les mutineries de janvier qui ont ébranlé le pays.
A l'époque, ils avaient réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) pour chacun d'eux (des sommes importantes pour le pays), et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai.
Jeudi, un représentant de soldats avait annoncé renoncer aux revendications financières, lors d'une cérémonie en présence du président Ouattara et d'autres soldats, qui se voulait un point final à la protestation des forces de sécurité.
Loin d'apaiser la situation, cette cérémonie a en fait déclenché un nouveau mouvement d'humeur, dans ce pays d'Afrique de l'Ouest durement touché par l'effondrement des cours du cacao, vital pour son économie et dont il est le premier producteur mondial.
Narita Namasté, correspondante à Abidjan