Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Négociations sur la Syrie à Astana: les rebelles refusent de parler directement aux émissaires d'Assad


Le centre-ville d'Astana, capitale du Kazakhstan.
Le centre-ville d'Astana, capitale du Kazakhstan.

Les rebelles syriens ont refusé lundi de négocier en face à face avec les émissaires de Bachar al-Assad au premier jour des pourparlers de paix à Astana sous le patronage de la Russie, de l'Iran et de la Turquie.

Les négociations à l'hôtel Rixos, dans la capitale kazakhe, rassemblent pour la première fois le régime de Damas et des combattants rebelles. Lors des tentatives vaines de négociations à Genève en 2012, 2014 et 2016, des opposant syriens, souvent en exil, étaient assis en face de représentants de Bachar al-Assad. A Astana, ces opposants sont désormais cantonnés à un rôle de conseillers au service des rebelles, émanation de l'insurrection sur le terrain.

Si les deux camps ont parlé pendant des semaines de négociations directes, les rebelles ont finalement choisi à la dernière minute de ne pas faire face à la délégation du régime.

"La première session des négociations ne sera pas en face à face car le gouvernement n'a pas respecté jusqu'à présent ce à quoi il s'est engagé dans les accords du 30 décembre", instaurant un cessez-le-feu en Syrie, a indiqué Yehya al-Aridi, un porte-parole de la délégation des rebelles.

Les rebelles reprochent notamment aux forces gouvernementales de poursuivre les combats près de Wadi Barada, zone clé pour l'approvisionnement en eau de la capitale syrienne, Damas.

Des combats s'y sont déroulés dans la nuit de dimanche à lundi, ainsi que dans la région de Damas, où l'armée syrienne a repris le siège de Madaya, ville sous contrôle rebelle près de la frontière libanaise, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Neuf civils dont six enfants ont été tués dimanche dans des raids menés par l'aviation du régime contre la province rebelle de Homs, selon la même source.

Les groupes rebelles, appuyés par la Turquie, ainsi que le régime, soutenu par la Russie et l'Iran, ont tous deux assuré que les discussions à Astana seraient avant tout centrées sur le renforcement de la trêve entrée en vigueur le 30 décembre, et qui a abouti à une réduction des violences malgré des violations régulières.

"Il s'agit de davantage que de (pérenniser) le cessez-le-feu. Il s'agit de mettre en place des mécanismes de surveillance et de responsabilité" en cas de violations, a expliqué à l'AFP un porte-parole des rebelles, Ossama Abou Zeid.

Yehya al-Aridi a précisé que l'objectif était également d'améliorer l'accès à l'aide humanitaire dans les villes assiégées. "Ce serait une base forte qui pourra être poursuivie à Genève", a-t-il indiqué.

Les négociations d'Astana doivent poser les bases d'un règlement à même d'être approfondies lors de prochaines discussions de paix sous l'égide de l'ONU à Genève le 8 février.

L'objectif pour le régime est aussi de faire avancer une solution politique "globale" après près de six ans de guerre. Le président syrien a ainsi appelé les rebelles à livrer leurs armes en échange d'une amnistie, à l'image des accords de "réconciliation" qui se traduisent par l'évacuation des combattants en échange de la fin des bombardements et des sièges des villes par les forces gouvernementales.

'Renforcer la confiance'

La délégation des rebelles, à l'origine composée de huit membres, a été élargie à un total de 14 représentants auxquels s'ajoutent 21 conseillers, selon une source proche de l'opposition.

Le chef de la délégation, Mohammad Allouche, qui est un responsable du groupe Jaich al-Islam (l'Armée de l'islam), est arrivé à Astana dimanche en compagnie d'une dizaine de chefs combattants.

"Nous sommes ici pour réaliser les demandes du peuple syrien. Il ne s'agit pas d'un remplacement du processus de Genève. Si nous ne croyions pas en une solution politique, nous ne serions pas venus à Astana", a déclaré à l'AFP Fares Bayouche de l'Armée d'Idleb.

Bachar Jaafari, qui mène la délégation du régime composée de dix émissaires, a pour sa part indiqué que les pourparlers devaient également servir à distancier les rebelles considérés comme "modérés" des djihadistes de l'organisation Etat islamique et du front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra, Al-Qaïda en Syrie), selon l'agence officielle syrienne SANA.

Les médias d'Etat syriens ont rapporté lundi que les émissaires de Damas s'étaient entretenus peu avant le début de la rencontre avec les Iraniens et l'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura.

Ces discussions, qui doivent durer au moins deux jours, interviennent alors que le président Assad est en position de force après sa victoire hautement symbolique à Alep, deuxième ville de Syrie totalement reprise aux rebelles avec l'aide de l'aviation russe et des milices iraniennes.

Les Occidentaux n'ont à Astana qu'une présence a minima: les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne sont représentés par leurs ambassadeurs. L'Union européenne est également représentée.

Jusqu'à présent, les pourparlers, notamment Genève I et II, n'ont pas réussi à mettre fin au conflit en Syrie qui a fait plus de 310.000 morts depuis 2011.

"Il ne peut pas y avoir de raccourci pour mettre fin à la guerre en Syrie. Une transition réelle passe d'abord par le renforcement de la confiance sur le terrain", a expliqué à l'AFP un diplomate occidental.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG