Au moins une personne est morte dimanche à Niamey, lors de violents heurts entre forces de l'ordre et manifestants, qui demandaient des sanctions dans un scandale de surfacturations d'achats d'équipements militaires, a constaté l'AFP.
Un journaliste de l'AFP a vu le corps sans vie d'un homme âgé que des manifestants ont vainement tenté de réanimer.
"Deux autres personnes ont été retrouvées mortes à l'intérieur du marché" Tagabati, dans le centre-ville, au cours d'un incendie, a indiqué une source sécuritaire.
Les commerçants accusent les policiers d'avoir provoqué l'incendie avec le tir de grenades alors que les autorités démentent "formellement" que les forces de l'ordre soient à l'origine du sinistre.
Au total dix manifestants dont les organisateurs, Moussa Tchangari, Nouhou Arzika et Moukaïla Halidou, ont été arrêtées, selon la police.
Ces trois figures de la société civile avaient maintenu le mot d'ordre de manifester malgré l'interdiction de "toute manifestation publique de plus de 1.000 personnes" dans le cadre de la prévention du coronavirus, dont aucun cas n'a encore été détecté au Niger.
Ils entendaient faire pression sur le gouvernement pour qu'il transmette à la justice l'audit sur les surfacturations et livraisons non effectuées.
Samedi, un juge des référés saisi par les organisateurs a "autorisé" la manifestation, mais seulement à Maradi, la deuxième ville du pays.
Tôt ce dimanche, des forces de l'ordre avaient pris position sur les lieux où le rassemblement devait avoir lieu.
Plus tard des heurts ont éclaté entre les forces de l'ordre et les manifestants déterminés à se rendre au rassemblement. Les affrontements se sont surtout concentrés dans des quartiers populaires du centre ville et dans le secteur du Grand marché (poumon économique de Niamey) qui a été fermé et du marché Tagabati.
Le 26 février, le gouvernement a annoncé qu'un audit demandé par le président Mahamadou Issoufou avait révélé des surfacturations ainsi que des livraisons non effectuées dans des achats d'équipements pour l'armée, qui combat depuis 2015 les jihadistes dans le sud-est et l'ouest du pays.
Le gouvernement a annoncé avoir "décidé de faire rembourser les montants indûment perçus". Il a aussi décidé de "transmettre aux tribunaux compétents les dossiers des fournisseurs qui refuseraient de s'exécuter" et "de prendre les sanctions administratives appropriées à l'endroit des agents publics incriminés".
Mais le gouvernement n'a pas évoqué directement de poursuites pénales pour les coupables. Il n'a pas non plus précisé les montants concernés, ni les personnalités mises en cause.
D'après des journaux locaux, l'audit a porté sur "la dilapidation" de milliards de FCFA (millions d'euros), impliquant des hommes d'affaires et des responsables gouvernementaux.
Le scandale a d'autant plus choqué l'opinion qu'entre décembre 2019 et janvier 2020, près de 200 soldats nigériens ont été tués dans des attaques revendiquées par le groupe Etat islamique.
Le syndicat des magistrats et les partis d'opposition sont déjà montés au créneau pour demander que le dossier soit traité par la justice.