La Cour constitutionnelle du Niger a autorisé samedi 20 février le "vote par témoignage" pour la présidentielle de dimanche. Cette procédure controversée permet de voter sans pièce d'identité mais avec deux personnes attestant de l'identité du votant.
"La Cour constitutionnelle vient d'autoriser par un arrêt le vote par témoignage et a rejeté une requête de l'opposition" qui l'avait saisie, a ainsi affirmé à l'AFP Kadri Oumarou Sanda, le vice-président de la Céni. "Nous avons donc eu raison d'avoir autoriser le vote par témoignage", s'est-t-il félicité. Une chaîne de télévision locale a également annoncé cette décision de la Cour.
De son côté, Mahamadou Youba Diallo, directeur de campagne du Moden-Lumana, parti de l’opposant Hama Amadou, a indiqué samedi à Nicolas Pinault, l’envoyé spécial de VOA Afrique à Niamey, qu’il prenait acte de la décision de la Cour constitutionnelle. Il a ajouté que la Copa 2016, coalition de partis d’oppositions, devait se réunir ce samedi.
En milieu de semaine, le Conseil d'Etat, saisi par le Premier ministre Brigi Rafini, avait donné un avis favorable au "vote par témoignage". Cette disposition n'est pas contenue dans la nouvelle loi électorale nigérienne mais elle avait été acceptée en 2011. Dans la foulée, le président de la Céni, Boubé Ibrahim, avait pris un arrêté pour autoriser ce type de vote, suscitant la colère de l'opposition et de la société civile.
L'opposition dénonce une mauvaise organisation
L'opposition et la société civile avaient saisi la Cour constitutionnelle pour trancher le litige "en procédure d'urgence". "De mémoire de Nigérien, on n'a jamais constate des élections aussi mal organisées pour un gouvernement qui a plus de cinq ans pour cela", avait dénoncé vendredi auprès de VOA Afrique Amadou Boubacar Cissé, membre de la Copa 2016, l'un des principaux candidats à la présidentielle.
Le vote par témoignage concerne environ 1,5 million d'électeurs sur près de 7,5 millions d'inscrits. Ce chiffre a été mis au jour lors de l'audit du ficher électoral par l'Organisation internationale de la francophonie en janvier.
Au sein de l'opposition, on dénonce le fait que des milliers de cartes d'électeurs, fausses ou non distribuées, circulent et pourraient être utilisées. Les cartes correspondent aux noms inscrits sur les listes mais ne comportent pas de photo ou d'empreinte digitale.
Le président Mahamadou Issoufou, qui brigue un deuxième mandat, a promis "une victoire au 1er tour" face à quatorze rivaux au terme d'une campagne sous tension. L'opposition elle estime que c'est impossible et dit craindre "un hold-up électoral".
Avec AFP