"Sadat Illiya Dan Malam fait l'objet d'une détention arbitraire depuis 13 mois. Son maintien en détention est une nouvelle illustration du harcèlement judiciaire à son encontre et d'une volonté de faire taire les voix critiques", a déclaré Marceau Sivieude, directeur régional adjoint d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, dans un communiqué diffusé mercredi soir.
Le militant avait été arrêté en avril 2018 lors d'une manifestation contre les mesures d'austérité prévues dans la loi de finances.
Le 20 mai dernier, le juge d'instruction de Zinder (au nord du pays) a décidé d'abandonner les charges de "participation à un mouvement insurrectionnel" et "conspiration contre la sécurité de l'État" pour les requalifier en "injure contre les membres du parti politique PNDS Tarayya" (le parti au pouvoir au Niger), ce qui aurait dû entraîner sa libération, selon les ONG.
"Le même jour, le procureur du tribunal de grande instance de Zinder a interjeté appel, ce qui a provoqué son maintien en détention", a expliqué à l'AFP son avocat, Me Boudal Effred Mouloul.
"Le maintien en détention de Sadat renforce l'idée d'une instrumentalisation de la justice à l'encontre des militants de la société civile", estime Laurent Duarte, coordinateur international du mouvement Tournons la page, une coalition d'association qui lutte pour la démocratie en Afrique.
Amnesty International, Tournons la Page, le Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire (ROTAB) et Alternatives Espaces Citoyens au Niger indiquent qu'elles continueront à faire campagne "sans relâche pour la libération immédiate et inconditionnelle de Sadat".
Au Niger, les manifestations contre la loi de finance 2018 ont entraîné l'arrestation de 26 activistes en un mois, dont certains sont toujours emprisonnés, selon Amnesty International.