Rien n'avait filtré à la mi-journée des possibles conclusions des responsables militaires des pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui prévoient une cérémonie de clôture vers 16h00 GMT, selon le programme de la réunion.
S'ils discutent des modalités d'une possible opération armée, pour rétablir au pouvoir le président élu Mohamed Bazoum écarté depuis le 26 juillet par le nouveau régime militaire à Niamey, la Cedeao semble toutefois encore privilégier la voie du dialogue. Les appels à un règlement pacifique de cette crise se sont d'ailleurs multipliés ces derniers jours, en particulier de la part des Etats-Unis.
"L'objectif de notre réunion n'est pas simplement de réagir aux évènements mais de dessiner de manière proactive un chemin qui mène à la paix et soutient la stabilité", avait déclaré jeudi, à l'ouverture de la réunion à Accra, le général Christopher Gwabin Musa, chef d'état-major du Nigeria.
La réunion doit "affiner" les détails au cas où la Cedeao "recourrait aux moyens ultimes de la force", avait expliqué de son côté Abdel-Fatau Musah, commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité. "La junte militaire au Niger joue au chat et à la souris avec la Cedeao", avait-il ajouté, déplorant que les généraux nigériens aient "bafoué leur propre constitution et les protocoles" de l'organisation ouest-africaine.
Ces derniers restent pour l'heure inflexibles et estiment qu'une intervention armée contre leur pays serait une "agression illégale et insensée". Et ils retiennent séquestré le président déchu, qu'ils comptent poursuivre pour "haute trahison".
"Ses conditions de détention se détériorent. Toute nouvelle détérioration de son état de santé aura de sérieuses conséquences", a averti le président du Conseil européen, Charles Michel. M. Michel s'est exprimé ainsi lors d'un entretien tenu jeudi soir avec le président du Nigeria Bola Tinubu, qui préside actuellement la Cedeao, selon une déclaration de sa porte-parole vendredi à Bruxelles.
"Sur un coup de tête"
De Genève, l'intention de poursuivre M. Bazoum pour "haute trahison" a été vivement dénoncée par le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk. "Cette décision n'est pas seulement motivée par des considérations politiques à l'encontre d'un président démocratiquement élu, mais elle n'a pas de fondement juridique puisque le fonctionnement normal des institutions démocratiques a été entravé", a-t-il déclaré.
Dans son communiqué, M. Türk a souligné que l'élection en 2021 du président Bazoum constituait "la première transition démocratique dans l'histoire du pays, marquée par les coups d'Etat". Appelant les généraux à le libérer et à "rétablir immédiatement l'ordre constitutionnel", le chef des droits de l'homme de l'ONU leur a dit qu'ils "ne pouvaient pas s'arroger le droit de défier – sur un coup de tête – la volonté du peuple".
Egalement depuis Genève, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a demandé la mise en place d'un couloir humanitaire qui permette de délester les centres de transit installés au Niger, où des milliers de migrants sont coincés. "Les fermetures récentes des frontières et de l'espace aérien ont aggravé les difficultés rencontrées par les migrants bloqués et entravé les opérations de retour volontaire assisté de l'OIM", a expliqué cette dernière.
En dix jours, de multiples départs destinés à faciliter le retour volontaire de plus de 1.000 migrants, principalement du Mali et de la Guinée, ont été annulés ou reportés, a précisé l'organisation dans un communiqué. En raison de sa position géographique, le Niger est l'un des principaux pays de transit de la région pour les migrants.
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