Le groupe islamiste Boko Haram a revendiqué samedi l'attentat-suicide contre une procession chiite qui a fait 22 morts la veille dans le nord-est du Nigeria.
Un kamikaze "a fait détoner ses explosifs qui a provoqué la mort" des fidèles rassemblés dans un village proche de Kano, a annoncé le groupe dans un communiqué en arabe posté sur les réseaux sociaux.
"Et avec la permission d'Allah nos attaques contre les polythéistes chiites se poursuivront jusqu'à ce que nous ayons nettoyé la terre de leur saleté", a averti la rébellion d'obédience sunnite.
Boko Haram a prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI) qui considère les chiites comme des hérétiques.
L'attentat perpétré par un kamikaze dans le village de Dakasoye a fait 22 morts parmi une foule de fidèles qui participaient à une marche de Kano à Zaria, dans l'Etat voisin de Kaduna, pour marquer le 40e jour du deuil chiite de l'Achoura.
L'arrivée à Zaria, prévue le 3 décembre, était censée coïncider avec le pèlerinage de Kerbala, en Irak, où se trouve le tombeau de l'imam Hossein, le petit-fils du prophète Mahomet.
"Pour l'instant nous avons 22 morts, après le décès d'une personne hier" vendredi, a indiqué à l'AFP Ali Kakaki, membre du Mouvement islamique au Nigeria, ajoutant que "38 personnes ont été blessées, dont deux sont sorties de l'hôpital".
"Après l'attentat, de nombreux fidèles se sont joints à la procession", a-t-il affirmé, ajoutant que la tuerie n'empêcherait pas la marche d'arriver à destination à Zaria, où est basé le Mouvement dirigé par le cheikh Ibrahim Zakzaky.
Selon le Mouvement islamique, un premier kamikaze a d'abord été arrêté puis avoué qu'un second porteur de bombe se trouvait dans la foule. Mais celui-ci a fait exploser sa charge au milieu des fidèles avant d'avoir pu être identifié. L'homme arrêté a expliqué avoir été envoyé par Boko Haram, qui a déjà ciblé les musulmans chiites de la région.
En novembre 2014, une explosion avait tué au moins 15 personnes et blessé une cinquantaine d'autres dans la ville de Potiskum, capitale économique de l'Etat de Yobe. L'attentat visait déjà une procession de fidèles commémorant l'Achoura.
Le groupe utilise souvent des kamikazes pour viser des civils depuis le début d'une offensive lancée cette année par les forces armées nigérianes pour reprendre les territoires conquis dans le nord-est du pays.
Le président nigérian Muhammadu Buhari a donné aux responsables militaires jusqu'à la fin de l'année pour mettre fin à l'insurrection, mais des experts considèrent que cet ultimatum est irréaliste.
Au Nigeria, l'insurrection de Boko Haram et sa répression ont fait au moins 17.000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés depuis 2009.
AFP