Depuis lundi, les files d'attente gigantesques devant les distributeurs des grandes villes du pays le plus peuplé d'Afrique disparaissent petit à petit, à mesure que les clients ont accès à l'argent liquide. Le syndicat national nigérian (NLC) avait menacé de faire grève dès mercredi pour protester contre la pénurie avant d'annoncer mardi reporter son action de deux semaines pour suivre l'évolution de la situation.
Pour l'instant, les banques respectent les règles mais le NLC "doute de la pérennité de ce respect", a déclaré à la presse le président du syndicat, Joe Ajaero. "Nous avons estimé que nous devions surveiller cette pérennité au cours des deux prochaines semaines", a-t-il dit.
Le Nigeria est en proie à une pénurie de billets libellés dans la monnaie locale, le naira, depuis que la Banque centrale a commencé à changer en janvier les anciens billets pour de nouveaux. Une décision prise par les autorités pour favoriser les paiements électroniques dans un pays où de nombreux Nigérians travaillent dans le secteur informel de l'économie et ont recours à l'argent liquide pour leurs transactions quotidiennes.
Selon la Banque centrale, cette politique visait également à lutter contre la corruption et à décourager le paiement de rançons aux bandits et aux kidnappeurs qui terrorisent le pays. La pénurie de billets a provoqué angoisse et colère, ainsi que de nombreuses émeutes au Nigeria, se faisant durement ressentir juste avant l'élection présidentielle du 25 février dernier.
Le candidat du parti au pouvoir, Bola Tinubu, a remporté la course et doit succéder en mai au président sortant Muhammadu Buhari, même si l'opposition conteste les résultats devant la justice, dénonçant des "fraudes massives". Pendant la campagne électorale, beaucoup ont dormi devant les banques espérant en vain obtenir de l'argent liquide.
Certains États ont assigné le gouvernement fédéral en justice pour l'obliger à revenir sur sa décision. Au terme de plusieurs mois de souffrance pour la population, la justice a ordonné que les anciens billets de 200, 500 et 1.000 nairas soient autorisés à circuler avec les nouveaux jusqu'à la fin de l'année.