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Nigeria : le parti au pouvoir à l’épreuve des ambitions personnelles


L'ancien gouverneur de l'État de Lagos, Bola Tinubu (à g.) et le vice-président du Nigeria, Yemi Osinbajo.
L'ancien gouverneur de l'État de Lagos, Bola Tinubu (à g.) et le vice-président du Nigeria, Yemi Osinbajo.

Un duel de titans se profile à l'horizon pour succéder au président Muhammadu Buhari qui, après deux mandats successifs, ne peut plus être candidat.

Les élections générales prévues en 2023 au Nigeria aiguisent les appétits au sein du parti présidentiel. Deux candidats annoncés retiennent particulièrement l’attention : le vice-président sortant Yemi Osinbajo et son désormais ex-mentor Bola Tinubu.

L’APC (Congrès des progressistes), parti de l’actuel chef de l’État, Muhammadu Buhari, pourrait bien prochainement connaître le même sort que le PDP (Parti démocratique populaire), ex-force politique au pouvoir, parti en lambeaux dans la foulée de la présidentielle de 2015.

La course à la présidentielle de 2023 fait s’entrechoquer les ambitions à moins d’un an du scrutin auquel le président Buhari, 79 ans, ne sera pas candidat, car il aura déjà effectué deux mandats à la tête du pays le plus peuplé d'Afrique.

La bataille de succession se déroule au sein même de l’exécutif où plusieurs figures sont d’ores et déjà dans les starting-blocks en attendant l’étape fatidique des primaires.

L’assaut du rescapé

Parmi les candidats déclarés figure l'actuel vice-président, Yemi Osinbajo, qui a officiellement annoncé ses intentions le 11 avril dernier après de longs mois de faux suspense. Sa proximité avec le pouvoir ces dernières années faisait de lui un candidat tout désigné. D’autant que le profil de cet ancien juriste respecte bien la règle non-écrite prônant l’alternance entre le nord et le sud à la tête du gouvernement fédéral.

Le vice-président Osinbajo candidat à la présidentielle nigériane de 2023
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Contrairement à M. Buhari, Yemi Osinbajo est originaire du sud-ouest, plus précisément de Lagos, État qu’il a servi en qualité de ministre de la Justice mais aussi procureur entre 1999 et 2007. À 65 ans, celui qui a déjà survécu à deux accidents d’hélicoptère s’estime légitime à endosser le rôle de numéro 1 du pouvoir, fort de sa gestion des affaires aux côtés de l’actuel président de la République, notamment durant les ennuis de santé de ce dernier qui se sont compliqués en 2017.

L’ex-faiseur de roi qui veut devenir roi

Pour y parvenir, l’ancien avocat d’affaires va devoir se livrer à un duel. En face de lui se dresse non seulement un concurrent de taille, mais également une figure paternelle en la personne de Bola Tinubu, 70 ans. Ce dernier a beau n’être son ainé que de cinq ans, c’est bien lui qui lui a mis le pied dans l’étrier en politique.

C’est, en effet, sous la mandature du gouverneur Tinubu surnommé "le parrain de Lagos", que M. Osinbajo a été nommé procureur. Entre les deux, une complicité s’est installée depuis plusieurs années et le second apparaît à une bonne partie de l’opinion publique nigériane comme l’obligé du premier.

Leur amitié pourrait toutefois se retrouver écorchée. En effet, les choses semblent se tendre entre les deux hommes depuis l’annonce de la candidature de Yemi Osinbajo. Interrogé sur les ambitions de son poulain, le richissime et l’un des principaux artisans des deux victoires de M. Buhari – 2015 puis 2019 – a déclaré qu’il n’avait aucun fils assez grand pour concourir au scrutin présidentiel. Lui dont la candidature est décrite comme l’ambition de toute une vie.

Reste la primaire dont les modalités sont encore à l’étude, pour arbitrer d’ici mai 2022, ce duel d’anciens alliés. Le suspense continue, d’autant que le président Muhammadu Buhari se garde bien, pour l’instant, d’exprimer sa préférence pour l’un ou l’autre des prétendants à la magistrature suprême au sein de son parti.

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