Le juge du tribunal supérieur de la charia a reconnu le cheikh Abduljabbar Nasiru Kabara coupable de "blasphème" pour ses prêches "révisionnistes" qui, selon le tribunal, interprétaient de manière erronée certains textes religieux dépeignant le prophète sous un mauvais jour.
"Cette cour a retenu tous les chefs d'accusation portés contre vous et vous condamne par la présente à la mort conformément aux dispositions de la charia sur le blasphème", a déclaré le juge Abdullahi Sarki Yola au cours de l'audience.
Dans l'islam, le blasphème, en particulier contre le prophète, est passible de la peine de mort selon la charia, qui s'applique parallèlement au droit commun dans plusieurs Etats du nord du Nigeria.
Détenu depuis son arrestation en février dernier, M. Kabara s'est opposé à la demande de clémence de son avocat, réaffirmant son innocence et appelant ses partisans à rester calmes.
Des dizaines de policiers armés et d'autres personnels paramilitaires montaient la garde à l'extérieur de la salle d'audience. M. Kabara, qui appartient à l'ordre soufi Qadiriyya, est en désaccord avec d'autres religieux musulmans sunnites du nord du Nigeria, en particulier les salafistes radicaux.
Plusieurs religieux musulmans jugent qu'il a une approche "révisionniste" de l'histoire et de la théologie islamiques qui, selon lui, regorgent de mythes et de mensonges. Ses détracteurs l'accusent d'insulter les compagnons du Prophète et de dépeindre celui-ci sous un mauvais jour.
Le blasphème est un sujet très sensible et source de tensions dans le pays le plus peuplé d'Afrique, divisé entre un sud majoritairement chrétien et un nord principalement musulman. C'est la troisième fois qu'une peine de mort est prononcée pour blasphème au cours des dernières années.
En avril 2022, un célèbre militant athée nigérian Muhammad Mubarak Bala avait été quant à lui condamné à 24 ans de prison par un tribunal de droit commun du nord pour avoir écrit des messages sur Facebook critiquant l'islam et son prophète.