Un total de 44 véhicules a pris dans la matinée la route depuis Damas pour rejoindre Madaya, cité de 40.000 personnes qui n'avait pas reçu d'aide humanitaire depuis des mois avant l'entrée lundi d'un premier convoi.
"La priorité est d'apporter de la farine et des produits sanitaires", a indiqué Pawel Krzysiek, porte-parole du Comité international de la Croix Rouge (CICR) à Damas.
Des équipes médicales sont également présentes dans le convoi.
Il est "essentiel" de laisser entrer des médecins à Madaya "pour examiner les patients et déterminer leur état de santé", a déclaré Linda Tom, une porte-parole de l'Office pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha).
De difficiles négociations sont actuellement menées par les organisations humanitaires pour évacuer les personnes les plus affaiblies par la malnutrition ou souffrant de maladies.
Le coordinateur humanitaire de l'ONU en Syrie, Yacoub el Hillo, a précisé à l'AFP que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) était en "négociations directes" avec Damas sur les moyens de mener ces évacuations.
La situation humanitaire a été qualifiée de catastrophique par les humanitaires s'étant rendus lundi dans cette ville proche du Liban assiégée depuis six mois par les forces armées syriennes en lutte contre les rebelles.
"Nous avons vu plusieurs personnes qui souffraient clairement de malnutrition, particulièrement des enfants, nous avons entendu que des centaines avaient un besoin urgent de traitements médicaux qui ne peuvent pas être prodigués à Madaya", a témoigné Linda Tom.
Médecins sans frontières (MSF) a fait état de 28 personnes mortes de faim depuis le 1er décembre.
Après le tollé international provoqué par les informations sur la situation alarmante à Madaya, le régime avait fini par accepter un accord prévoyant la livraison de l'aide à cette ville ainsi qu'à deux localités, Foua et Kafraya, qui sont elles encerclées par les rebelles.
Un deuxième convoi de 17 camions a pris la route jeudi vers ces deux localités chiites de la province d'Idleb (nord-ouest), selon M. Krzysiek.
Le CICR a réitéré mercredi sa demande de levée de tous les sièges en Syrie, assurant que 400.000 personnes vivaient assiégées dans ce pays, où la guerre civile a fait plus de 260.000 morts et poussé des millions ont été poussées à la fuite en près de cinq ans.
- Réunion à Genève -
Sur le plan politique, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a répété sa volonté d'entamer le 25 janvier des pourparlers de paix, à l'issue d'une première réunion préparatoire à Genève avec des représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.
A la mi-décembre, les 15 membres du Conseil avaient adopté une résolution établissant une feuille de route qui prévoit des négociations opposition-régime, un cessez-le-feu, un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois.
En vue de commencer les négociations le 25 janvier à Genève, M. de Mistura s'est entretenu mercredi avec des représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie).
La semaine dernière, le gouvernement syrien s'était engagé à prendre part aux négociations, mais les principaux groupes d'opposition sont encore dans l'expectative.
Toujours sur le plan diplomatique, le secrétaire d'Etat américain John Kerry doit rencontrer jeudi à Londres son homologue saoudien Adel al-Jubeir pour discuter notamment de la Syrie.
Ryad et Washington sont en froid à ce sujet, même s'ils coopèrent au sein d'une coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI) qui s'est emparé de larges pans du territoires dans le pays ainsi que chez le voisin irakien.
L'Arabie saoudite reproche notamment à l'administration de Barack Obama de ne pas être intervenue militairement contre le régime du président Bachar al-Assad.
Dans le cadre de la lutte contre l'EI, les ministres de la Défense des Etats-Unis, de la France, de l'Australie, de l'Allemagne, l'Italie, du Royaume-Uni et des Pays-Bas doivent se réunir mercredi prochain à Paris, selon le Pentagone.
Avec AFP