"Au moins 14 civils ont été tués au camp de déplacés de Lodda, près de Fataki" dans le territoire de Djugu en Ituri. "Les Codeco-URDPC sont soupçonnés", a affirmé sur Twitter le Baromètre sécuritaire de Kivu (KST), qui dispose d'experts dans cette région.
"Les miliciens Codeco sont venus vers 21H00, ils ont attaqué simultanément le site des déplacés à Lodda et le camp des militaires vers Fataki" distant de 9 km, a déclaré à l'AFP Jules Tsuba, président de la société civile du territoire de Djugu.
Selon M. Tsuba, les deux attaques ont fait 15 morts dont un militaire et "la majorité des victimes sont des enfants". Dans des clichés envoyés à l'AFP, on compte au moins 9 corps d'enfants qui baignent dans le sang, étalés à même le sol, certains éventrés.
Sur les 14 corps, la Croix-rouge a identifié "10 enfants dont l'âge varie entre 6 mois et 17 ans, il y a 2 femmes et 2 hommes", a détaillé pour l'AFP son président dans le territoire de Djugu, Ernest Dhekana. "Onze blessés sont à l'hôpital général de Fataki", a-t-il ajouté.
L'inhumation des corps des civils est prévue pour mercredi, a indiqué de son côté Jeanne Alasha, conseillère du gouverneur militaire en charge des Affaires sociales. En attendant, ils sont gardés sous un hangar, tandis que le militaire a été enterré.
Le Codeco-URDPC (Union de révolutionnaires pour la défense du peuple congolais) est une fraction de ce groupe armé (Codeco) structuré autour d’une secte religieuse. Cette milice prétend défendre les membres de la communauté Lendu contre la communauté rivale Hema et contre les forces de sécurité.
Etat de siège
Le camp des déplacés de Lodda abrite majoritairement les déplacés, membres de la communauté Hema, une des communautés de cette région de l'Ituri qui a replongé dans les violences depuis fin 2017 avec l’avènement du groupe Codeco. Un précédent conflit entre milices communautaires avait fait des milliers de morts entre 1999 et 2003, jusqu'à l'intervention d'une force européenne, l'opération Artémis, sous commandement français.
Parmi des dizaines de groupes armés présents dans la région orientale de la RDC en proie à des violences depuis 25 ans, le Codeco est présenté actuellement comme l'un des plus meurtriers. La dernière attaque d'envergure attribuée à ce groupe armé dans le territoire de Djugu remonte à dimanche. Ce jour-là, les miliciens Codeco ont tué au moins 35 personnes dans l'attaque d'une mine d'or artisanale. Parmi les morts, figuraient un bébé de 4 mois et une femme.
La province aurifère de l'Ituri et celle voisine du Nord-Kivu sont placées sous état de siège depuis mai 2021. Cette mesure exceptionnelle qui a donné les pleins pouvoirs à l'armée et à la police n'a pas permis, à ce stade, de mettre fin aux violences. Sous pression des élus et des militants des mouvements citoyens qui appellent à la levée de cet état de siège, le président Félix Tshisekedi a décidé d'évaluer l'efficacité de cette mesure.
Dans un rapport publié mardi à Kinshasa, Amnesty International a estimé qu'"aucune amélioration de la protection des civils n’a été constatée" sur le terrain malgré l'état de siège. Cette mesure a plutôt "entraîné de nouvelles atteintes aux libertés fondamentales des personnes, au mépris total du droit international relatif aux droits humains et des normes connexes", note Amnesty.