Selon les autorités, ces violences ont opposé entre vendredi et dimanche des policiers et des soldats à la milice d'un ancien chef coutumier local dans la région de Tshikapa, capitale de la province du Kasaï.
Les combats ont fait "13 morts et 14 blessés dans les rangs des forces de l'ordre", a affirmé lundi sur la télévision publique Hubert Mbingho N'Vula, vice-gouverneur du Kasaï, et "18 morts" du côté de la milice.
M. Mbingho a revu ainsi à la hausse un premier bilan de 23 morts (13 agents des forces de l'ordre et 10 miliciens) qu'il avait donné à l'antenne de la RTNC.
Selon la nouvelle version officielle, ces violences ont éclaté à la suite d'un conflit de succession coutumière entre un chef traditionnel et son oncle, l'ancien chef Mbau Nkanka - déchu après avoir été désavoué par sa famille.
Dans un premier temps, les miliciens du chef Mbau auraient été pris pour ceux d'un autre chef coutumier local : Kamwina Nsapu, tué en août lors d'une opération militaire après avoir levé une milice contre le gouvernement de Kinshasa au Kasaï-Central, province voisine du Kasaï.
Au Kasaï, les chefs coutumiers sont notamment compétents pour attribuer les terres à la population.
Selon Claude-Pero Luwara, membre du cabinet du ministre de l'Intérieur, le chef Mbau Nkanka aurait "été initié aux pratiques fétichistes des partisans de Kamwina Nsapu" et ses partisans recourent au "même mode opératoire que ceux de Kamwina Nsapu".
Le Kasaï est une région très enclavée et particulièrement sous-développée. On parvenait encore difficilement lundi à établir avec certitude l'enchaînement des événements ayant conduit aux affrontements, mais il semble que les miliciens soient parvenus à neutraliser dès vendredi un groupe de policiers et soldats envoyés pour rétablir l'ordre dans un village à une trentaine de kilomètres de Tshikapa.
Plusieurs représentants des forces de l'ordre auraient alors été "massacrés à l'arme blanche", par les miliciens qui seraient parvenus ainsi à s'emparer de leurs armes, selon une source administrative locale.
'Situation incontrôlable'
Dans la nuit de samedi à dimanche, et une bonne partie de la journée de dimanche, des combats ont eu lieu à Tshipaka même, selon des témoins.
Sans donner plus de détail, le vice-gouverneur a affirmé que l'ordre public avait été "rétabli".
Fin septembre, des hommes de Kamwina Nsapu avaient réussi à prendre le contrôle de l'aéroport national de Kananga, capitale du Kasaï-Central, pendant plusieurs heures, avant d'en être délogés au cours d'affrontements ayant fait une centaine de morts.
Les affrontements de Tshipaka surviennent dans un climat politique tendu à deux semaines de la fin du mandat du président congolais Joseph Kabila, le 20 décembre.
La crise politique que traverse le pays depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011 est aggravée par le report de la présidentielle et des législatives qui auraient dû se tenir cette année.
La Constitution interdit à M. Kabila de se représenter, mais le président congolais entend se maintenir au pouvoir grâce à un accord passé en octobre entre la majorité et une frange minoritaire de l'opposition.
Cet accord, rejeté par la majeure partie de l'opposition, prévoit la constitution d'un gouvernement élargi chargé de préparer les élections dont la date n'est pas clairement fixée.
L'Église catholique mène depuis plusieurs semaines une médiation entre le camp présidentiel et l'opposition réfractaire à l'accord d'octobre.
Alors que la situation semble toujours bloquée, les évêques congolais ont dit craindre vendredi que le pays (ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003 et où pullulent encore une cinquantaine de milices dans la moitié est), ne sombre dans "une situation incontrôlable" en l'absence d'un compromis politique avant le 20 décembre.
Avec AFP