Devant les banques, des files interminables sont visibles et des nouveaux billets sont introuvables. Les Nigérians peinent à se procurer ces nouveaux billets de 200, 500 et de 1000 nairas qui doivent remplacer les anciens vendredi 10 février 2023, délai de rigueur imposé par la Banque centrale du Nigeria (CBN).
C'est le 26 octobre 2022 que la CBN a annoncé l'introduction de nouveaux billets de 200, 500 et 1 000 nairas dans le système bancaire. La décision, assortie de limites de retrait d'argent en espèces, était perçue par certains comme une tentative d'empêcher l'achat de votes avant les élections du 25 février. Une insinuation rejetée en bloc par la banque centrale, qui affirme que son action n’a rien à voir avec le calendrier politique dans un pays où l'achat des votes est pourtant devenu une pratique normalisée.
Sursis temporaire de la Cour suprême
Saisie par les États de Kaduna, Kogi et Zamfara, la Cour suprême du Nigeria a temporairement suspendu mercredi l'échéance, ce qui veut dire que les anciens billets vont continuer de circuler légalement dans toute la fédération. Fait rare, le même jour, le Fonds monétaire international publie une déclaration encourageant "la CBN à envisager de prolonger le délai" pour l'expiration des billets de banque existants.
Dans les quartiers, la population crie son ras-le-bol.
"Je viens depuis ici lundi juste pour faire un retrait d’argent. C'est difficile d’avoir de l’argent. Nous ne savons pas ce qui se passe et on ne sait pas où va ce pays", se lamente Queen, une jeune femme rencontrée devant une banque à Abuja, la capitale fédérale.
"Depuis deux semaines, je n’ai pas accès à l'argent qui est dans mon compte bancaire. La situation est vraiment difficile, surtout lorsqu'il s'agit de faire des achats. Toutes les boutiques ne sont pas équipées d'un point de vente électronique. C’est terrible", renchérit Doris Labebe, qui fait aussi la queue.
L'impact de la nouvelle politique monétaire de la CBN et le chaos qui l'accompagne ont frustré de nombreux Nigérians opérant dans l'économie informelle, où les transactions exigent de l'argent liquide.
"Si nous nous devons adopter cette politique sans cash, notre système de transactions bancaires doit être amélioré", recommande Kabiru Abdulaye, commerçant à Nyanya, dans la banlieue d’Abuja.
Pour l'heure, pas de lumière visible au bout du tunnel. Et les choses pourraient s'aggraver: le syndicat national des distributeurs du pétrole a suspendu ses opérations suite à la situation critique actuelle qui affecte l’approvisionnement du carburant et aussi à cause de la décision des autorités de plafonner les prix des hydrocarbures, ce qui, selon le syndicats, oblige les opérateurs à vendre à perte. Résultat: des stations d'essence dans la capitale sont fermées il n’ y a pas de vente de carburant, au grand désespoir des conducteurs