Une attaque à la voiture piégée a frappé jeudi un tribunal d'Izmir (ouest), tuant un policier et un huissier, selon le vice-Premier ministre Veysi Kaynak. Deux "terroristes" ont été tués par la police après l'explosion et un troisième a pris la fuite, a-t-il précisé.
Six personnes, dont trois policiers, ont par ailleurs été blessées, selon l'agence de presse Dogan.
Cet attentat est le dernier d'une série d'attaques qui ont endeuillé la Turquie en 2016, soit imputées aux djihadistes du groupe Etat islamique (EI), soit revendiqués par la rébellion kurde.
Il intervient alors que les autorités turques recherchent activement l'auteur du carnage d'Istanbul, qui a réussi à prendre la fuite après avoir tué 39 personnes et en avoir blessé des dizaines d'autres pendant la célébration du Nouvel An dans une boîte de nuit, le Reina. Cette tuerie a été revendiquée par l'EI.
Le préfet d'Izmir a déclaré que les autorités soupçonnent le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) d'être à l'origine de l'attaque de jeudi.
Les assaillants ont déclenché leurs explosifs lorsqu'ils ont été arrêtés à un contrôle policier devant le tribunal, selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu. Deux suspects liés à l'attaque ont été arrêtés, a ajouté l'agence.
"Etant donné leur équipement, il apparaît que l'objectif était un carnage bien plus important", a déclaré le vice-Premier ministre. Selon l'agence Dogan, M. Kaynak a précisé que deux fusils d'assaut Kalachnikov, des lance-roquettes et huit grenades ont été trouvés sur les assaillants tués.
Le président Recep Tayyip Erdogan s'est engagé à ce que la Turquie ne permette pas que de tels actes "sèment la peur dans le pays et crispent la société".
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s'est désolé que la Turquie "ait été touchée de nouveau par une attaque".
Dans l'enquête sur l'attentat du Nouvel An à Istanbul, plusieurs personnes soupçonnées de complicité avec l'assaillant et originaires du "Turkestan oriental", ancien nom de la région chinoise du Xinjiang à majorité ouïghoure, ont été arrêtées jeudi à Silivri, près de la métropole turque, selon Anadolu, qui n'a pas donné de chiffre précis.
Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu avait annoncé mercredi que l'auteur de l'attentat avait été identifié, sans dévoiler son nom ni sa nationalité.
Le vice-Premier ministre, cité par les médias jeudi, a affirmé que l'homme, dont plusieurs images ont été diffusées, était probablement d'origine ouïghoure et que les autorités étaient près de le localiser.
Perpétuité pour deux 'putschistes'
Au moins 36 personnes sont en garde à vue dans le cadre de l'enquête. Parmi elles, selon les médias turcs, figurent l'épouse de l'assaillant présumé et de nombreuses personnes originaires d'Asie centrale.
Des perquisitions menées à Izmir après l'arrestation d'une vingtaine de personnes avaient permis la découverte de lunettes de vision nocturne, de matériel militaire et de faux passeports, d'après l'agence Dogan.
Une immense chasse à l'homme a été déclenchée pour arrêter le tueur, qui aurait fui la boîte de nuit en changeant de vêtements.
La sécurité a été renforcée aux frontières grecque et bulgare de la Turquie, où les véhicules et personnes quittant le territoire sont fouillés, indique l'agence Dogan.
L'attentat d'Istanbul a eu lieu alors que l'armée turque tente, au prix de lourdes pertes, de reprendre la ville d'Al-Bab, bastion de l'EI dans le nord de la Syrie, où Ankara mène une offensive contre les djihadistes, mais aussi contre les milices kurdes.
En revendiquant le carnage du Reina, l'EI a reproché à la Turquie son intervention en Syrie et sa participation à la coalition menée par les Etats-Unis et qui combat le groupe djihadiste en Syrie et en Irak.
Mercredi encore, deux soldats turcs ont été tués et deux blessés par l'EI à Al-Bab. A ce jour, une quarantaine de soldats turcs ont péri dans cette opération militaire.
La Turquie se remet aussi d'un coup d'Etat raté en juillet dernier, imputé par Ankara au réseau du prédicateur turc Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis.
Les premiers jugements dans des procès liés au putsch manqué sont tombés jeudi: deux soldats ont été condamnés à la prison à vie par un tribunal d'Erzurum (nord-est).
Avec AFP