Le chef de la justice militaire du Soudan du Sud a démissionné en accusant l'armée d'arrestations illégales sur des bases ethniques, selon un courrier reçu samedi par l'AFP, une deuxième défection au sein de l'appareil militaire en une semaine.
Dans cette lettre adressée au chef d'état-major de l'armée Paul Malong Awan, le colonel Khalid Ono Loki dénonce "des arrestations non motivées et non justifiées et des détentions variants de plusieurs mois à plusieurs années sans enquête ni inculpation (...) dans des affaires montées de toutes pièces contre des particuliers qui ne sont pas de l'ethnie dinka".
Le colonel Loki est le deuxième haut cadre de l'armée à quitter ses fonctions cette semaine, après le général Thomas Cirillo Swaka, numéro deux de la division logistique à l'état-major, qui avait accusé le président Salva Kiir et d'autres officiers supérieurs de l'ethnie dinka de mener un "nettoyage ethnique" dans ce pays en guerre civile depuis décembre 2013.
Le ministre du Travail Gabriel Duop Lam a également annoncé vendredi sa démission et sa "pleine allégeance" au chef de l'opposition Riek Machar, d'ethnie Nuer, dont les troupes combattent l'armée pro-gouvernementale sud-soudanaise.
Dans sa lettre au chef d'état-mjor, le colonel Loki accuse notamment la hiérarchie d'avoir créer son propre système judiciaire en contradiction avec la loi.
"Votre clique incompétente d'amis et de proches qui arrêtent et condamnent impunément selon votre bon vouloir et sous votre commandement n'ont jamais suivi d'école de droit pour exercer ces responsabilités", accuse le colonel Loki.
Déchiré depuis décembre 2013 par la rivalité entre Salva Kiir et Riek Machar, le Soudan du Sud, indépendant depuis seulement 2011, subit une guerre civile qui a atteint des "proportions catastrophiques", selon un rapport de l'ONU dévoilé en début de semaine.
Ce conflit, au cours de laquelle de mutiples atrocités ont été commises par les deux parties, selon les instances internationales, a déjà fait des dizaines de milliers de morts et plus de trois millions de déplacés.
Avec AFP