A Kinshasa, où une manifestation avait déjà eu lieu lundi, les manifestants, encadrés par la police, se sont rassemblés en fin d'après-midi devant l'ambassade du Rwanda, selon une journaliste de l'AFP.
"Nous sommes venus réclamer l'expulsion de l'ambassadeur et la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda, pays agresseur", a déclaré Bienvenu Matumo, un leader du mouvement Lutte pour le changement (Lucha).
"Nous voulons aussi dire au gouvernement de ne pas négocier avec [les rebelles] du M23 et mettre en garde la communauté internationale qui lui demande de le faire", a-t-il ajouté.
"Que les Rwandais retournent chez eux!", ont également scandé à Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, plusieurs centaines d'habitants qui ont manifesté leur soutien aux forces armées de RDC (FARDC) et à la police nationale (PNC) dans leur lutte contre le M23 ("Mouvement du 23 mars"), une ancienne rébellion tutsi réapparue fin 2021 dans l'est du Congo limitrophe du Rwanda, selon un correspondant de l'AFP.
Les manifestants, qui ont défilé jusqu'au gouvernorat de province, portaient des banderoles et calicots sur lesquels on pouvait notamment lire: "Allez-y les FARDC et la PNC, notre réplique doit être proportionnelle à notre grandeur comme pays continent".
Deux mémorandums adressés au chef de l’Etat et à l’armée ont été lus et déposés au gouvernorat, demandant notamment la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda et la fermeture des frontières avec ce pays "agresseur".
Affirmant que Kigali venait encore d'apporter son soutien au M23, ce que Kigali a démenti, Kinshasa avait annoncé samedi la suspension des vols de la compagnie RwandAir sur son territoire et la convocation de l'ambassadeur du Rwanda. Selon les autorités, il lui a été notifié mardi une "mise en garde sévère".
Le porte-parole du gouvernement avait réitéré lundi les accusations de Kinshasa tout en refusant de "fermer toutes les portes" de la discussion.
Le lendemain, après des entretiens menés par le président angolais Joao Lourenço avec les présidents congolais et rwandais, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, Luanda a annoncé que la RDC avait accepté de libérer deux soldats rwandais détenus depuis les combats de la semaine dernière.
Cette attitude de "faiblesse" du président Tshisekedi est "inacceptable", a estimé Mama Kongo, une manifestante à Kinshasa.
Lors d'une séance mardi du Conseil de Sécurité de l'ONU sur la RDC, la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, Martha Pobee, a estimé que la résurgence du M23 constituait "une menace grave" pour la région. Mercredi à Kinshasa, Bintou Keita, représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU en RDC, a lancé "un appel à la désescalade, à l'apaisement et à la retenue".