Le président américain, qui cèdera la Maison Blanche le 20 janvier, a dit souhaiter s'inscrire dans la tradition américaine en s'abstenant de critiquer son successeur, lors de la dernière conférence de presse à l'étranger de ses huit années de mandat.
"Je veux être respectueux de la fonction (présidentielle) et laisser au président élu l'opportunité de constituer son équipe et mettre en place sa politique, sans que quelqu'un s'exprime à tout bout de champ", a déclaré Barack Obama, à l'issue du sommet de la zone Asie-Pacifique (Apec).
Le chef d'Etat américain a rappelé que son prédécesseur Georges W. Bush (2000-2008) s'était montré "on ne peut plus élégant" lorsqu'il avait lui-même accédé à la Maison Blanche en 2008.
Mais il a immédiatement ajouté qu'il serait attentif à d'éventuelles atteintes aux valeurs fondamentales des Etats-Unis.
"En tant que citoyen profondément concerné par notre pays, si certaines choses spécifiques me semblent, au-delà des idées et divergences politiques, heurter nos valeurs et idéaux fondamentaux, et que j'estime nécessaire de les défendre, alors j'examinerai la situation", a-t-il dit.
Régler l'Ukraine
Dans l'immédiat, a ajouté Barack Obama, "mon intention est de finir mon travail au cours des deux prochains mois, et après cela, d'emmener Michelle en vacances et de prendre du repos, passer du temps avec mes filles, écrire un peu, réfléchir".
M. Obama avait rudement critiqué Donald Trump pendant la campagne électorale, multipliant les piques envers le milliardaire populiste. Il l'avait notamment accusé de saper "la démocratie américaine", alors que le candidat républicain soufflait le chaud et le froid sur la façon dont il accueillerait le verdict des urnes le 8 novembre.
Barack Obama a surpris à Lima en affirmant vouloir peser de façon déterminante sur la politique internationale jusqu'au bout, en particulier sur le dossier ukrainien avec la Russie, alors que le président russe Vladimir Poutine et M. Trump ont déjà pris langue sur la question.
"Je l'ai pressé (M. Poutine) de donner des instructions à ses négociateurs pour qu'ils travaillent avec nous, la France, l'Allemagne et l'Ukraine, afin de voir si nous pouvons parvenir à un règlement avant la fin de mon mandat", a déclaré M. Obama.
Après l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en mars 2014, qui a provoqué des tensions inédites depuis la fin de la Guerre froide entre Moscou et Washington, les Etats-Unis ont imposé de lourdes sanctions économiques à la Russie.
'Une chance à Trump'
La victoire de Donald Trump a suscité des inquiétudes en Ukraine, une ex-république soviétique, le magnat américain ayant été plusieurs fois accusé par sa rivale démocrate Hillary Clinton d'être la "marionnette" de M. Poutine.
Concernant les projets protectionnistes de M. Trump, M. Obama s'est efforcé d'apaiser les inquiétudes de ses partenaires. Il les avait exhortés samedi à laisser "une chance" au président élu, en soulignant qu'"on ne gouverne pas toujours comme on a fait campagne".
Le pays de l'Apec sont particulièrement inquiets des menaces d'abandon par l'administration Trump du Partenariat transpacifique (TPP), un accord de libre-échange signé en 2015 entre 12 pays de la région, mais qui laissait la Chine sur la touche.
Le géant asiatique s'est engouffré dans la brèche pour relancer à Lima son initiative alternative de Partenariat économique intégral (RCEP), entre l'Asean (Association des nations du Sud-Est asiatique), l'Australie, la Chine et l'Inde, notamment... mais sans les États-Unis.
"Nos partenaires ont dit clairement qu'ils voulaient aller de l'avant avec le TPP et ils aimeraient le faire avec les Etats-Unis", a souligné M. Obama.
Il a indirectement mis en garde Donald Trump contre un abandon du TPP qui ouvrirait un boulevard à la Chine. "Nous assistons à des appels du pied en faveur d'accords commerciaux moins ambitieux dans la région avec moins d'exigence, moins de protection pour les travailleurs et l'environnement", a souligné M. Obama.
Avec AFP