"Si de vraies consultations ont lieu, si de vraies réformes sont menées et qu'une réponse est apportée aux craintes que nous avons exprimées et qui nous avaient fait nous retirer, alors nous reconsidérerons" notre position, a déclaré M. Odinga à l'issue d'une rencontre avec le président de la Commission électorale (IEBC), Wafula Chebukati.
"Mais en l'état, notre position est celle que nous avons annoncée hier" mercredi, a-t-il ajouté. L'opposition a promis mercredi qu'il n'y aurait "pas d'élection" le 26 octobre et qu'elle organiserait des manifestations massives ce jour-là.
Considérant que ses demandes de réforme de l'IEBC n'avaient pas été entendues, M. Odinga avait annoncé dès la semaine passée qu'il ne participerait pas à l'élection du 26 octobre, organisée après l'annulation en justice du scrutin présidentiel du 8 août.
Le leader de l'opposition, qui n'a toutefois pas formalisé son retrait, a expliqué jeudi avoir été conforté dans ses choix par les critiques formulées à l'encontre de la Commission électorale par M. Chebukati lui-même, et par une des sept commissaires de l'IEBC, Roselyn Akombe, qui a démissionné.
L'un et l'autre ont émis mercredi de forts doutes sur la capacité de l'IEBC à garantir une élection crédible, en raison des interférences politiques dont elle fait l'objet et du manque d'indépendance de certains de ses membres.
"Les révélations faites par Mme Akombe et le président (Chebukati) dans sa déclaration hier (mercredi) ont pour l'essentiel confirmé nos craintes et nos raisons de nous retirer de l'élection", a déclaré M. Odinga.
"Il est maintenant clair pour chacun qu'il n'existe pas d'environnement propice à un processus électoral libre et équitable", a-t-il ajouté.
M. Chebukati avait appelé mercredi M. Odinga et le président Uhuru Kenyatta à se rencontrer en sa présence. Mais pour M. Kenyatta, qui refuse tout report de l'élection, le dialogue ne peut porter que sur la manière de conduire pacifiquement le scrutin de la semaine prochaine.
"C'est le seul dialogue qui est sur la table: une élection", a-t-il déclaré lors d'un échange en direct sur Facebook avec la population. "Nous sommes prêts à dialoguer n'importe quand sur comment nous nous conduirons durant l'élection".
Ce scrutin fait suite à l'annulation le 1er septembre par la Cour suprême de l'élection du 8 août, marquée par la confortable réélection de M. Kenyatta (54,27% des voix). La Cour avait vertement tancé l'IEBC pour avoir organisé une élection qui n'était "ni transparente, ni vérifiable".
Jeudi, la police a brutalisé le défenseur des droits de l'Homme Boniface Mwangi, qui organisait une manifestation dans le centre de Nairobi, en hommage aux 40 personnes décédées lors des manifestations de l'opposition depuis le 8 août, pour l'essentiel victimes de la répression policière.
M. Mwangi a reçu au moins un coup de bâton de la part d'un policier en tenue anti-émeute, et a aussi été frappé en pleine poitrine par une grenade de gaz lacrymogène tirée de très près, a constaté un photographe de l'AFP.
Trois jeunes homme ont été tués par balles dans des rixes avec la police depuis vendredi lors de manifestations de l'opposition à Kisumu (ouest) et ses environs, selon des témoins.
Et au moins 37 personnes avaient été tuées, dont 35 par la police, dans les jours qui ont suivi les élections générales du 8 août, selon la Commission nationale kényane des droits de l'Homme (KNCHR).
Avec AFP