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ONU: l'ambassadrice américaine veut réduire le nombre de Casques bleus


Les casques-bleus de l'ONU sont déployés dans les rues d'Abidjan, en Côte d'Ivoire, le 3 mars 2011.
Les casques-bleus de l'ONU sont déployés dans les rues d'Abidjan, en Côte d'Ivoire, le 3 mars 2011.

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, a entamé un examen approfondi des opérations de maintien de la paix qui conduira probablement à la réduction du nombre de missions des Casques bleus.

En prenant son poste, Nikki Haley a fait voeu de réformer les Nations Unies et de "faire disparaître" les activités "obsolètes" alors que des voix s'élèvent dans la nouvelle majorité à Washington pour une réduction drastique des financements américains à l'organisation mondiale.

Nikki Haley met en place un examen de chacune des 16 opérations de maintien de la paix de l'ONU et est "relativement sceptique" sur l'efficacité d'un grand nombre de déploiements de Casques bleus, a expliqué un diplomate du Conseil de sécurité sous couvert d'anonymat.

Le plus gros contributeur financier

Très peu de soldats américains servent dans les Casques bleus, mais les États-Unis sont de loin le plus gros contributeur financier des opérations de maintien de la paix de l'ONU, avec près de 29% du budget ou 7,9 milliards de dollars pour cette année.

L'ancienne gouverneure de Caroline du Sud a déjà clairement indiqué qu'elle voulait ramener la part des États-Unis dans le financement des Casques bleus à moins de 25% et suggéré que d'autres pays prennent plus de responsabilités.

"Nous devons commencer à encourager d'autres pays à mettre leurs intérêts en jeu", a-t-elle dit.

Aucune liste n'a encore été établie, mais selon les diplomates les missions de l'ONU en Haïti et au Libéria sont probablement menacées d'une fermeture rapide.

Le chef des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, se rendra en Haïti la semaine prochaine pour une évaluation qui pourrait conduire à une fermeture.

Pour l'instant, les diplomates se félicitent de cette évaluation par les États-Unis et conviennent que, même si certaines missions opèrent dans des environnements politiques difficiles - Haïti, Chypre ou le Kosovo, par exemple - il n'y a pas de menace majeure de conflit dans ces pays.

Le recours chinois?

Mais certains experts font valoir que cette réduction des opérations de maintien de la paix pourrait avoir de graves conséquences pour la stabilité en Afrique où sont déployées neuf des 16 missions de Casques bleus de l'ONU.

La baisse des financements américains pourrait ouvrir la voie à la Chine - le deuxième contributeur financier le plus important et premier partenaire commercial de l'Afrique - pour jouer un plus grand rôle.

La part de la Chine dans le budget de maintien de la paix de l'ONU est maintenant de 10,3%, suivie par le Japon (9,7%), l'Allemagne (6,4%), la France (6,3%) et la Grande-Bretagne (5,8%).

La MONUSCO, la mission la plus importante et la plus coûteuse, forte de 22.000 hommes en République démocratique du Congo, qui est déployée depuis 18 ans et dispose d'un budget annuel de 1,2 milliard de dollars, pourrait être réduite.

La mission conjointe ONU-Union africaine dans la région du Darfour au Soudan (MINUAD) est considérée comme une opération coûteuse et inefficace parce qu'elle a été bloquée à maintes reprises par le gouvernement soudanais.

Nikki Halley a aussi déjà fait part de ses doutes sur l'envoi de Casques bleus au Soudan du Sud, citant l'opposition du président Salva Kiir, en dépit des quelque 200.000 civils réfugiés sur les bases des Nations Unies.

"Notre objectif doit être de venir, de pacifier et de partir", a-t-elle dit lors de son audience de confirmation devant le Sénat américain.

En Côte d'Ivoire, les derniers Casques bleus se retireront en juin, et le Conseil de sécurité a renouvelé la mission de la MINUL au Libéria jusqu'en mars 2018, pour ce qui doit être la dernière année.

Selon l'analyste Aditi Gorur, les coupes budgétaires dans les missions de l'ONU au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Mali pourraient conduire à une condamnation à mort pour des milliers de personnes.

"La réalité est que le maintien de la paix de l'ONU est une bonne affaire pour le gouvernement américain", a dit M. Gorur, directeur du programme "Protéger les civils dans les conflits" au centre Stimson de Washington.

"Cela va dans le sens de l'intérêt national en promouvant la paix et la stabilité pour une fraction du coût de ce que les États-Unis devraient dépenser eux-mêmes".

Avec AFP

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